mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques
mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques
mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Ce besoin <strong>de</strong> reconnaissance peut expliquer en partie la dérive à laquelle le sous-titre <strong>de</strong> ce<br />
<strong>mémoire</strong> fait allusion. Elle me semble importante au point d’y consacrer un chapitre entier et d’amorcer<br />
une réorientation ou un élargissement <strong>de</strong> ma recherche, déjà perceptible dans mes travaux les plus<br />
récents. Cette dérive répond à une logique selon laquelle la volonté d’exister à part entière peut<br />
conduire les « continentalistes » à certains excès. A n’examiner le climat que sous un angle particulier<br />
alors qu’il présente à l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> multiples facettes et <strong>de</strong> nombreuses influences. Voire à détourner le<br />
laboratoire numérique <strong>de</strong> son véritable objectif, la compréhension <strong>de</strong> la Nature et la prévision <strong>de</strong> son<br />
évolution, pour en faire l’avocat <strong>de</strong> ses propres thèses et tenter <strong>de</strong> démontrer, coûte que coûte ou vaille<br />
que vaille, l’importance du rôle joué par les surfaces continentales dans la variabilité du système<br />
climatique. En exagérant à peine, à établir <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force avec les autres disciplines et à exister<br />
contre elles plutôt qu’avec elles.<br />
Je n’ai jamais été un a<strong>de</strong>pte <strong>de</strong>s corporatismes, surtout lorsqu’ils cloisonnent plutôt qu’ils ne<br />
diffusent le savoir. Ce qui m’a conforté dans mon itinéraire <strong>de</strong> chercheur, c’est le sentiment que ma<br />
différence pourrait un jour (mais quand ?) <strong>de</strong>venir un atout, et que la diversité est une richesse pour les<br />
milieux naturels comme pour celui <strong>de</strong> la recherche. Cette remarque peut sembler triviale dans le<br />
contexte multidisciplinaire <strong>de</strong> la modélisation climatique. Ce n’est cependant pas ma formation<br />
singulière que je veux ici souligner, mais les dangers d’une simple juxtaposition <strong>de</strong>s compétences. Si la<br />
modélisation du climat repose aujourd’hui sur une expertise et <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> plus en plus « focalisés »,<br />
cette spécialisation croissante me semble <strong>de</strong>voir être contrebalancée par une approche transversale<br />
<strong>de</strong>s problèmes et un effort permanent pour les hiérarchiser. Revendiquer le statut ambigu <strong>de</strong> chercheur<br />
généraliste serait évi<strong>de</strong>mment présomptueux tant les questions qui nous sont aujourd’hui posées<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une réponse collective plutôt qu’individuelle. J’espère cependant que la suite <strong>de</strong> ce<br />
<strong>mémoire</strong> saura convaincre le lecteur qu’une telle inclinaison n’est pas un contre-sens et que<br />
l’éparpillement relatif <strong>de</strong> mes activités les plus récentes ne relève pas <strong>de</strong> la dérive que je veux ici<br />
évoquer, celle <strong>de</strong> la grenouille qui voulait être aussi grosse que le bœuf.