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mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques

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Lorsqu’on s’intéresse à la variabilité basse-fréquence, il n’y a pas, là non plus, <strong>de</strong> clivage<br />

fondamental entre les couplages continent-atmosphère et océan-atmosphère. Si l’océan apparaît <strong>de</strong><br />

prime abord comme une composante lente du système climatique relativement aux surfaces<br />

continentales, il faut se méfier <strong>de</strong> cette image un peu réductrice. Nous avons vu par exemple que l’HS<br />

ou la neige accumulée en surface peuvent montrer <strong>de</strong>s fluctuations inter-annuelles importantes. A plus<br />

longue échéance, les glaciers, le permafrost et la végétation doivent également être traités <strong>de</strong> manière<br />

pronostique si l’on veut décrire la variabilité continentale <strong>de</strong> manière réaliste. Ainsi, selon le ratio entre<br />

l’échelle <strong>de</strong> temps caractéristique du processus considéré et l’échéance <strong>de</strong> la prévision ou la durée <strong>de</strong><br />

la simulation, se pose ou non le problème <strong>de</strong> l’initialisation. A titre d’exemple, la répartition du couvert<br />

végétal est fixée en prévision numérique, alors qu’elle doit être initialisée dans les simulations paléoclimatiques<br />

avec végétation dynamique. Où se situe alors la limite ? On peut ainsi arguer que certains<br />

événements météorologiques (tempêtes) ou climatiques (sécheresses) ont <strong>de</strong>s effets dévastateurs sur<br />

la végétation dont il faudrait rendre compte dans la plupart <strong>de</strong>s simulations évoquées dans ce <strong>mémoire</strong>.<br />

Il faut cependant hiérarchiser les problèmes. L’inflation <strong>de</strong>s couplages et <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté mis en<br />

œuvre dans les modèles <strong>de</strong> climat dissimule mal nos difficultés à affronter <strong>de</strong>s problèmes plus<br />

importants.<br />

Pour conclure sur la question initialement posée, à savoir ce qui différencie fondamentalement<br />

le couplage continental du couplage océanique du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’atmosphère, il faut à mon avis<br />

revenir sur le caractère dynamique <strong>de</strong>s océans, qui s’oppose non pas tant au caractère statique <strong>de</strong>s<br />

continents qu’à leur relatif « déterminisme ». Ce contraste est évi<strong>de</strong>nt, mais est-il toujours à l’esprit <strong>de</strong>s<br />

apprentis sorciers - dont je suis - lorsqu’ils prescrivent les conditions aux limites dans un modèle<br />

atmosphérique? S’il s’agit <strong>de</strong>s continents, cette expérience consiste essentiellement à couper <strong>de</strong>s<br />

rétroactions. S’il s’agit <strong>de</strong>s océans, on néglige également les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> variabilité interne à l’océan ainsi<br />

que les mo<strong>de</strong>s couplés océan-atmosphère (tels que l’ENSO dont on peut légitimement douter qu’il<br />

existe un équivalent en terme <strong>de</strong> couplage continent-atmosphère). C’est une différence essentielle, car<br />

la variabilité résiduelle <strong>de</strong> l’atmosphère ainsi isolée est dans le second cas amputée <strong>de</strong> manière<br />

beaucoup plus sensible. C’est d’ailleurs ce qui explique que la plupart <strong>de</strong>s expériences numériques<br />

visant à montrer l’influence <strong>de</strong>s surfaces continentales aient été réalisées avec <strong>de</strong>s TSM prescrites.<br />

Rares sont les travaux où le rôle <strong>de</strong>s surfaces continentales a été étudié dans un cadre plus<br />

réaliste, incluant notamment la variabilité océanique. On peut toutefois signaler l’article <strong>de</strong> Hu et al.<br />

(2004) dans lequel une ET climatologique est prescrite sur l’ensemble <strong>de</strong>s continent dans un modèle<br />

couplé océan-atmosphère. En <strong>de</strong>hors du voisinage immédiat <strong>de</strong>s surfaces continentales, les résultats<br />

montrent un impact très limité sur la variabilité totale du système climatique, bien que les auteurs<br />

soulignent une légère modulation <strong>de</strong> la fréquence <strong>de</strong> l’ENSO. On peut également citer les travaux <strong>de</strong><br />

Bonan et al. (1992) et <strong>de</strong> Voldoire et Royer (2005) qui montrent que l’impact régional d’une<br />

déforestation massive n’est guère différent selon que l’on travaille avec TSM prescrites ou interactives,<br />

même si l’impact du couplage est significatif lorsqu’il s’agit d’une déforestation <strong>de</strong>s régions boréales<br />

(Bonan et al. 1992). Globalement, ces quelques expériences suggèrent que l’utilisation <strong>de</strong> TSM<br />

prescrites n’est pas un problème pour analyser la réponse atmosphérique à une perturbation<br />

continentale, tant que cette perturbation n’induit pas <strong>de</strong> modification importante <strong>de</strong> la circulation<br />

atmosphérique. Elles soulignent non pas la faiblesse <strong>de</strong>s rétroactions océaniques, mais l’influence<br />

limitée <strong>de</strong>s surfaces continentales sur la variabilité atmosphérique.<br />

Ainsi, la contribution <strong>de</strong>s surfaces continentales à la variabilité du système climatique est loin<br />

d’être comparable à celle <strong>de</strong>s océans. Si elle ne peut être totalement ignorée, notamment à l’échelle<br />

régionale, il semble dans la pratique bien souvent illusoire <strong>de</strong> vouloir en rendre compte <strong>de</strong> manière fine,<br />

tant l’évolution du système couplé océan-atmosphère est elle-même incertaine. C’est pourquoi il est<br />

notamment si difficile <strong>de</strong> montrer l’intérêt d’une meilleure représentation et/ou initialisation <strong>de</strong>s surfaces<br />

continentales pour la prévision saisonnière (chapitre 4.2.1). De manière similaire, et même si dans ce<br />

cas la vérification est plus problématique, une <strong>de</strong>scription plus sophistiquée <strong>de</strong>s rétroactions<br />

continentales n’est pas la garantie d’une projection plus réaliste du climat du 21 ème siècle (chapitre<br />

4.2.2).

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