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mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques

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4.4. Bilan et perspectives<br />

86<br />

Ce chapitre 4 se présente comme l’anti-thèse du chapitre 3 et remet en question <strong>de</strong> nombreux<br />

résultats publiés sur l’influence climatique <strong>de</strong>s surfaces continentales. Je me suis ici limité à la<br />

variabilité <strong>de</strong>s climats <strong>de</strong> mousson <strong>de</strong> l’échelle saisonnière à celle du changement climatique.<br />

Précisions d’emblée que ce regard critique peut également s’appliquer à d’autres travaux. Evoquons<br />

par exemple le rôle <strong>de</strong> la végétation dans les simulations paléo-climatiques, qui a connu ses heures <strong>de</strong><br />

gloire au cours <strong>de</strong>s années 1990. Qu’il s’agisse <strong>de</strong> comprendre les mécanismes d’une entrée en<br />

glaciation (Rind et al. 1989, De Noblet et al. 1996, Gallimore et Kutzbach 1996, Crowley et Baum 1997)<br />

ou l’existence du « Sahara vert » au Moyen-Holocène (Foley et al. 1994, Texier et al. 1997, Ganopolski<br />

et al. 1998), les premières étu<strong>de</strong>s sur l’importance <strong>de</strong>s surfaces continentales ont été réalisées soit<br />

avec <strong>de</strong>s modèles couplés <strong>de</strong> complexité intermédiaire, soit en imposant <strong>de</strong>s TSM <strong>de</strong> l’époque<br />

mo<strong>de</strong>rne à la limite inférieure <strong>de</strong> MCG atmosphériques dont on perturbe simplement l’insolation.<br />

Que reste t-il aujourd’hui <strong>de</strong> ces travaux ? La progression <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> calcul et le<br />

développement <strong>de</strong>s MCG couplés océan-atmosphère ont amené certains à nuancer les résultats <strong>de</strong>s<br />

expériences antérieures en soulignant le rôle conjoint <strong>de</strong>s rétroactions océaniques et continentales<br />

(Braconnot et al. 1999, Khodri et al. 2001). D’autres étu<strong>de</strong>s aboutissent néanmoins à une interprétation<br />

très différente <strong>de</strong>s nouvelles expériences puisque le couplage végétation-climat apparaît comme<br />

secondaire aussi bien pour expliquer les fluctuations abruptes du « Sahara vert » pendant l’Holocène<br />

(Liu et al. 2006) que pour simuler le climat du <strong>de</strong>rnier âge glaciaire (Abe-Ouchi et al. 2007). Ainsi, là<br />

aussi, le fait <strong>de</strong> limiter la variabilité interne <strong>de</strong> l’atmosphère (en limitant la complexité et la résolution du<br />

modèle atmosphérique) et/ou <strong>de</strong> supprimer la variabilité <strong>de</strong> certaines composantes du système<br />

climatique (océan et/ou calotte polaires) a pu conduire à exagérer la contribution <strong>de</strong>s surfaces<br />

continentales, même si celle-ci n’est pas totalement évacuée <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s les plus récentes.<br />

Concernant la variabilité inter-annuelle et la prévision saisonnière, revenons brièvement sur les<br />

principaux éléments <strong>de</strong> ce chapitre. La variabilité et la prévisibilité <strong>de</strong>s précipitations <strong>de</strong> mousson a fait<br />

l’objet <strong>de</strong> nombreux travaux, les uns portant essentiellement sur le rôle <strong>de</strong>s forçages océaniques (TSM),<br />

les autres s’intéressant plutôt à l’influence <strong>de</strong>s surfaces continentales. Dans les systèmes <strong>de</strong> prévision<br />

opérationnels, qu’ils soient basés sur <strong>de</strong>s modèles empiriques ou dynamiques, les anomalies tropicales<br />

<strong>de</strong> TSM précédant la saison <strong>de</strong> mousson représentent la principale source <strong>de</strong> prévisibilité. La<br />

contribution continentale apparaît donc au mieux comme une source secondaire qui peut accroître la<br />

prévisibilité potentielle. Aucune étu<strong>de</strong> n’a cependant permis <strong>de</strong> quantifier précisément ce que l’on peut<br />

attendre d’une meilleure initialisation <strong>de</strong>s surfaces continentales dans un contexte opérationnel et sur<br />

une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> vérification suffisamment longue pour qu’une telle estimation ait du sens.<br />

Au cours du chapitre 3, la contribution <strong>de</strong>s surface continentales à la prévisibilité saisonnière<br />

est apparue comme étant aussi voire plus importante que celle du forçage océanique aux moyennes<br />

latitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’hémisphère Nord, notamment en été. Cependant, il faut là aussi relativiser ce résultat et<br />

s’interroger sur les priorités en terme <strong>de</strong> recherche et développement. D’une part, le bénéfice d’une<br />

meilleure initialisation continentale risque d’être limité tant que le couplage océan-atmosphère ne<br />

permet pas <strong>de</strong> simuler correctement la persistance <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong> TSM et leur impact sur la<br />

circulation atmosphérique <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle. On peut notamment montrer que cette persistance est<br />

particulièrement insuffisante dans l’Atlantique Nord, du printemps à l’automne, en raison d’un<br />

« damping » trop important par les flux <strong>de</strong> surface dans le modèle CNRM-CM3. D’autre part, le potentiel<br />

<strong>de</strong> prévisibilité lié aux TSM tropicales est probablement largement sous-exploité aux moyennes<br />

latitu<strong>de</strong>s en raison <strong>de</strong>s difficultés du modèle à reproduire la dynamique <strong>de</strong> l’ENSO et les téléconnexions<br />

associées. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces téléconnexions fait notamment l’objet du projet IRCAAM 3 que j’ai soumis à<br />

l’ANR en 2006 et dont les premiers résultats suggèrent en effet que les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Rossby forcées par la<br />

convection tropicale exercent une influence importante sur la circulation extra-tropicale.<br />

3 Influence Réciproque <strong>de</strong>s Climats d’Afrique <strong>de</strong> l’ouest, du sud <strong>de</strong> l’Asie et du bassin Méditerranéen

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