mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques
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suggèrent que les impacts <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong> neige sont essentiellement confinés à la basse<br />
troposphère en raison <strong>de</strong> la relative stabilité <strong>de</strong> la couche limite hivernale. Ces travaux préliminaires<br />
seront prolongés et approfondis dans le cadre <strong>de</strong> la thèse que je viens <strong>de</strong> proposer à Y. Peings. Il<br />
s’agira non seulement <strong>de</strong> revisiter les nombreux travaux publiés à propos <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong> la neige sur<br />
la variabilité <strong>de</strong> la mousson Indienne, mais également <strong>de</strong> s’intéresser au lien possible entre<br />
l’enneigement <strong>de</strong> la Sibérie à l’automne et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> variabilité AO/NAO 5 en hiver (Gong et al. 2003,<br />
Cohen et al. 2005). Ces questions seront d’abord examinées à partir <strong>de</strong>s réanalyses ERA40 et <strong>de</strong>s<br />
nouvelles climatologies <strong>de</strong> la neige du NSIDC 6 , puis en utilisant les résultats <strong>de</strong>s simulations du GIEC,<br />
enfin en réalisant <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> sensibilité avec le modèle Arpège-Climat. Par ailleurs, j’envisage<br />
également d’étudier l’influence <strong>de</strong> la variabilité inter-annuelle <strong>de</strong> la végétation, qui peut amplifier<br />
certains signaux liés à l’hydrologie continentale. Des travaux spécifiques pourront être menés sur ce<br />
thème en collaboration avec mes collègues A-L. Gibelin, A. Voldoire et C. Delire. Enfin, je compte<br />
m’intéresser au rôle <strong>de</strong> la stratosphère, dont l’influence sur la NAO est <strong>de</strong> plus en plus évoquée comme<br />
une voie d’amélioration <strong>de</strong>s prévisions saisonnières sur l’Europe et dont certaines étu<strong>de</strong>s mentionnent<br />
le lien éventuel avec le forçage <strong>de</strong> la circulation extra-tropicale hivernale par la neige (Fletcher et al.<br />
2007).<br />
Troisièmement, je compte revenir à <strong>de</strong>s expériences idéalisées pour évaluer le potentiel<br />
d’amélioration <strong>de</strong>s prévisions saisonnières sur l’Europe lié à une meilleure simulation <strong>de</strong> la circulation<br />
atmosphérique tropicale et <strong>de</strong> sa sensibilité aux anomalies <strong>de</strong> TSM. Ces simulations seront réalisées<br />
dans le cadre du projet IRCAAM (Influence Réciproque <strong>de</strong>s Climats d’Afrique <strong>de</strong> l’ouest, du sud <strong>de</strong><br />
l’Asie et du bassin Méditerranéen) que j’ai soumis à l’ ANR 7 en 2006 avec pour principaux partenaires<br />
le LOCEAN (S. Janicot), le LMD (L. Li), le CERFACS (C. Cassou) et le LEGOS (N. Hall). Le protocole<br />
expérimental proposé est original dans la mesure où il consiste à nudger le modèle Arpège-Climat (ou<br />
LMD-Z) vers les ré-analyses ERA40 sur tout ou partie <strong>de</strong> la ceinture tropicale. Ce nudging en point <strong>de</strong><br />
grille concerne non seulement le vent, mais également la température et l’humidité, ce qui permet<br />
d’imposer un forçage diabatique aussi réaliste que possible. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’impact sur la variabilité interannuelle<br />
extra-tropicale, nous évaluerons les principaux mécanismes qui sous-ten<strong>de</strong>nt les<br />
téléconnexions avec les Tropiques, qu’ils soient dynamiques ou liés à <strong>de</strong>s rétroactions océaniques ou<br />
continentales. L’importance relative <strong>de</strong> ces rétroactions sera estimée via la réalisation d’expériences<br />
complémentaires dans lesquelles l’atmosphère sera couplée à une couche <strong>de</strong> mélange océanique ou<br />
soumise à une HS climatologique. Enfin, on accor<strong>de</strong>ra une attention particulière à la variabilité intrasaisonnière,<br />
aussi bien en terme <strong>de</strong> forçage tropical (ex : MJO 8 ) que <strong>de</strong> réponse extra-tropicale<br />
(analyse en régimes <strong>de</strong> temps). Entre la prévision saisonnière et la prévision météorologique, on voit en<br />
effet poindre un intérêt croissant pour la prévision à 10-30 jours. Le protocole expérimental proposé<br />
dans IRCAAM permettra d’estimer le potentiel <strong>de</strong> prévisibilité mensuelle sur l’Europe lié aux on<strong>de</strong>s<br />
tropicales dont la phase peut être anticipée soit <strong>de</strong> manière dynamique, soit <strong>de</strong> manière statistique (C.<br />
Cassou, communication personnelle). Par ailleurs, ce cadre d’étu<strong>de</strong> nous permettra <strong>de</strong> travailler sur les<br />
interactions d’échelles et <strong>de</strong> mieux comprendre comment se construit la variabilité inter-annuelle.<br />
Passons maintenant aux projections climatiques du 21 ème siècle. Je ne suis pas loin <strong>de</strong> penser,<br />
qu’à l’instar <strong>de</strong> ce qui vient d’être mentionné en matière <strong>de</strong> prévision saisonnière, notre capacité à<br />
anticiper le climat du 21 ème siècle connaît elle aussi un pallier <strong>de</strong>puis quelques années. En effet, je ne<br />
vois guère d’avancée majeure quant à la dispersion <strong>de</strong>s résultats entre le 3 ème et le 4 ème rapport<br />
d’évaluation du GIEC, alors que l’influence <strong>de</strong> l’homme sur le climat du 20 ème siècle est aujourd’hui<br />
quasi-certaine en raison <strong>de</strong>s progrès réalisés en matière <strong>de</strong> détection-attribution <strong>de</strong>s changements<br />
climatiques. Ce paradoxe souligne les non-linéarités du système climatique, dont la sensibilité simulée<br />
au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies ne contraint que partiellement la réponse à la fin du 21 ème siècle. Le<br />
problème est exacerbé en ce qui concerne le cycle hydrologique, car le signal est généralement<br />
beaucoup plus faible que pour les températures (relativement au bruit lié à la variabilité naturelle) et n’a<br />
5 Artic Oscillation / North Atlantic Oscillation<br />
6 <strong>National</strong> Snow and Ice Data Center<br />
7 Agence <strong>National</strong>e <strong>de</strong> la Recherche<br />
8 Mad<strong>de</strong>n-Julian Oscillation