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mémoire - Centre National de Recherches Météorologiques

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certains problèmes (dérive, rétroactions atmosphériques irréalistes) tandis qu’il peut également en<br />

causer (variabilité tropicale et téléconnexions irréalistes) en raison même <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> rétroactions<br />

océaniques. Concernant les simulations couplées océan-atmosphère, <strong>de</strong>s versions à moyenne ou<br />

basse résolution pourraient même être systématiquement testées en mo<strong>de</strong> prévision saisonnière et/ou<br />

climat du 20 ème siècle. D’autres tests (paléoclimat, réponse à l’éruption du Pinatubo) seraient également<br />

souhaitables, au moins pour les versions utilisées dans les scénarios.<br />

3) Consoli<strong>de</strong>r les fondations du « château <strong>de</strong> cartes »<br />

Les modèles intégrés <strong>de</strong> climat ressemblent <strong>de</strong> plus en plus à <strong>de</strong>s assemblages dont l’équilibre<br />

<strong>de</strong>vient aussi précaire que celui d’un château <strong>de</strong> cartes. Chaque sous-modèle apparaît comme un<br />

étage supplémentaire, qui ne favorise pas nécessairement la réduction <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s. La compétition<br />

entre les chercheurs les incite à construire toujours plus haut, plutôt qu’à consoli<strong>de</strong>r les fondations <strong>de</strong><br />

leurs édifices. A titre d’exemple et au risque <strong>de</strong> choquer, bien que sur le long terme la modélisation <strong>de</strong>s<br />

grands cycles biogéochimiques soit indispensable pour connaître le niveau <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s<br />

principaux gaz responsables du renforcement <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> serre, est-elle vraiment indispensable aux<br />

simulations transitoires du climat du 21 ème siècle ? Les scénarios d’émissions anthropogéniques étant<br />

multiples, et les rétroactions liées aux cycles biogéochimiques étant encore très incertaines, ne risque<br />

t’on pas <strong>de</strong> brouiller inutilement le message en introduisant dès maintenant et systématiquement<br />

(même si ce n’est pas encore le cas dans les récents exercices imposés par l’IPCC) ce <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> liberté<br />

supplémentaire ? De façon plus politique, le rôle <strong>de</strong>s chercheurs est-il <strong>de</strong> conforter les gouvernements<br />

dans leur passivité (attendons <strong>de</strong> savoir qui émet quoi avant d’agir) alors que les mesures à prendre<br />

sont urgentes et doivent être globales ? Ne serait-il pas plus utile <strong>de</strong> concentrer nos efforts sur les<br />

processus (convection, nuages, aérosols, hydrologie continentale,…) qui génèrent <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s<br />

majeures, non seulement sur les projections climatiques <strong>de</strong>s siècles futurs, mais également sur les<br />

simulations du climat du 20 ème siècle et <strong>de</strong> son évolution à moyen-terme ? De façon plus théorique, <strong>de</strong>s<br />

modèles simplifiés ou conceptuels sont certainement nécessaires pour étudier à quel moment le<br />

couplage <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux modèles « incertains » <strong>de</strong>vient bénéfique plutôt que contre-productif, mais aussi pour<br />

étudier la prévisibilité potentielle du climat aux échelles multi-décennale à séculaire.<br />

4) Temps et climat : même combat ?<br />

Si je suis en accord avec la plupart <strong>de</strong>s remarques <strong>de</strong> Frédéric Hourdin (cf. lettre du 28/02/2005), je<br />

suis moins partagé que lui sur l’intérêt d’associer dans une même réflexion modèles climatiques (MCG)<br />

et modèles <strong>de</strong> prévision du temps (MPN). D’une part, les MPN globaux auraient tout intérêt à être<br />

testés sur <strong>de</strong>s intégrations pluriannuelles sans assimilation <strong>de</strong> données, afin <strong>de</strong> vérifier qu’ils respectent<br />

les grands équilibres climatiques et <strong>de</strong> réduire leurs biais systématiques (n’est-ce pas une <strong>de</strong>s forces du<br />

CEPMMT que <strong>de</strong> réaliser ce type d’expériences ?). D’autre part, alors que les évènements extrêmes<br />

sont <strong>de</strong> plus en plus présents dans les étu<strong>de</strong>s climatiques, il pourrait également être intéressant <strong>de</strong><br />

tester les MCG en mo<strong>de</strong> prévision à courte échéance, même avec une métho<strong>de</strong> d’initialisation<br />

simplifiée. On peut même se poser la question <strong>de</strong> savoir si les scores <strong>de</strong> prévision à courte échéance<br />

ne pourraient pas être utilisés comme variable <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s changements climatiques (comme c’est<br />

déjà le cas pour les scores <strong>de</strong> prévision saisonnière) ? Pour autant, certains processus lents ne peuvent<br />

être testés qu’aux échelles climatiques et, comme le pense Frédéric, le « modèle du grand tout » est<br />

une utopie dangereuse.<br />

5) Que faire au cours <strong>de</strong>s 4 ou 5 prochaines années ?<br />

Puisque c’est la question finalement posée par l’atelier, est-il possible d’infléchir les thèmes et<br />

l’organisation <strong>de</strong> la recherche sur la modélisation Océan-Atmosphère en France au cours <strong>de</strong>s<br />

prochaines années ? Je suis loin d’avoir le recul suffisant pour répondre à cette question (et je<br />

reconnais volontiers que mes réactions se nourrissent avant tout <strong>de</strong> mon quotidien <strong>de</strong> chercheur au<br />

CNRM), mais j’espère que les quelques remarques précé<strong>de</strong>ntes seront utiles à la réflexion générale.<br />

Cette réflexion doit également concerner le positionnement <strong>de</strong> la France au niveau européen et<br />

international, sur lequel il m’est difficile <strong>de</strong> me prononcer. Cependant, la question du « saupoudrage »

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