LES EMBARQUEMENTS D'UN MARIN

“RICHELIEU”
J’embarque sur le “Richelieu” le 1er Aout 1952.
C’est le premier de nos bâtiments de ligne de 35000 tonnes. Il n’était pas achevé à la
déclaration de guerre ,et lorsque les troupes allemandes ont envahi les ports de France , le “Richelieu”
ne disposait pas de toutes ses armes . Il n’avait embarqué qu’un stock réduit de minutions . Cela ne
l’empècha pas de contribuer fort efficacement à la bataille de Dakar lors de l’attaque Britannique de
1940 .
Après le 8 Novembre 1942 , les forces françaises d’Afrique du Nord ayant repris le combat, le
“Richelieu” sera modernisé aux USA . Il recevra une DCA légère importante et participera sous les
ordres de l’Amiral MOUNTBATTEN à la guerre contre les Japonais .
Embarqué à bord comme Premier Maitre électricien d’Artillerie , je serai chargé de la partie
électrique des tourelles de 380 .
Voici les caractéristiques d’une tourelle de 380 qui comporte 4 canons en deux demi-tourelles.
Poids de la partie tournante: 2275 Tonnes
Poids du blindage fixe: 700 Tonnes
Poids d’un canon (avec berceau et culasse): 165 Tonnes
Poids du projectile : 900 Kgs
Poids de la charde de poudre (4 gargousses): 280 Kgs
Temps de chargement d’une pièce : 30 secondes.
Bâtiment école , le “Richelieu” appareille rarement car il n’a pas son équipage normal. Toutes
ses installations doivent fonctionner et , tous les Lundis , mon équipe procède aux essais des
installations de pointage et de ravitaillement . L’énergie électrique est fournie par les chaudières ou les
diesels mis en route pour la circonstance.
J’ai fait la connaissance de tous les membres du Poste des Maîtres . Je suis très bien logé dans
une chambre spacieuse...mais sans hublot ,car elle est sous la flottaison , en partie .
Cet embarquement à bord du “Richelieu” sera sans histoires .L’activité réduite de ce bâtiment
de ligne me permettra de préparer dans les meilleures conditions le concours d’Officier des Equipages .
Et je serai reçu au concours de l’année 1953 !
J’apprends au cours du premier trimestre de cette année 1953 que les candidats reçus au cours
d’Officier des Equipages doivent suivrent un cours de chef de quart , afin de pouvoir remplacer les
officiers de Marine à la passerelle . Nous sommes donc officiers à part entière , j’en suis très heureux.
J’embarque donc à bord du “TOURVILLE” en rade de Brest le 18 Avril 1953 .
Je retrouve mon viel ami JOYEUX , ancien de l’école de Maistrance , MEHEUT , détecteur
connu à Cherbourg , GUIHODO , ancien torpilleur de l’”ALBATROS” , MORENS ancien professeur
au Brevet Supérieur Canonnier , PAILLIER , ancien du “DUNKERQUE” où il avait le même poste
que moi ,et de la “GLOIRE” . Et DURAND (Maistrance 37-38) .
Nous apprenons que nous sommes promus au grade supérier . Je suis donc promu Maitre
Principal .C’est inattendu !
J’aurai donc porté tous les galons , d’apprenti à Maitre Principal , sauf le galon de matelot
breveté ( un galon rouge), puique à la sortie du cours de canonnier nous avons porté , nous les
maistrançais , le galon doré à sabords bleus .
Avec ceux dont je fais la connaissance , nous formons une joyeuse équipe . René Joyeux et
Georges David ,torpilleur , n’engendrent pas la mélancolie .
La ville de Brest est un grand chantier .Méheut et moi , nous trouvons dans une baraque en
bois , un tailleur pour coudre notre câble de Maitre Principal .
Et nous commençons le cours de chef de quart , qui rappelle aux anciens de l’Ecole de
Maistrance leurs débuts en navigation .Nous avons les mêmes activités en ce qui concerne la
navigation en vue de côte . Mais nous apprenons la navigation astronomique , c’est intéressant .
L’usage du sextant nous devient familier .
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