LES EMBARQUEMENTS D'UN MARIN

1 bâtiment base de sous-marins,le SAAR .
Remise de bateaux allemands à Cherbourg.
Je suis chargé de recevoir les clés,de la main de chaque officier chargé de la remise.Tout se
passe bien mais je comprends leur état d'esprit.C'est triste pour tout le monde.Les équipages allemands
ont noyé leur chagrin dans le schnaps et la propreté laisse à désirer.La plupart des postes radio sont
saccagés.Un fil pend au plafond de chaque pièce,les douilles ont été arrachées un peu partout.
Pourvu qu'ils n'aient pas prévu de sabordage ! J'ai trente trois hommes pour m'occuper de ces
bateaux,vérifier l'état des fonds,vérifier qu'il n'y a pas de vanne ouverte.Quand on sait tout ce qui peut
se passer,on n'a pas l'esprit tranquille!
J'ai choisi une chambre en excellent état mais je ne dormais pas beaucoup au cours des
premières nuits.Le matin,au lever du jour,je faisais rapidement d'un oeil inquiet le "tour de rade" pour
vérifier que mes bateaux étaient toujours dans leurs lignes d'eau.
Nous découvrons chaque jour le matériel.Les dragueurs ont une machine alternative à vapeur
remarquable.Le tender d'aviation que je visite en premier a des propulseurs extraordinaires:des
propulseurs cycloïdaux .Ce sont des pales situées sur le pourtour d'une circonférence;ces pales plongent
verticalement et prennent une inclinaison variable par rapport à la tangente à la circonférence.Ce
système permet des évolutions très rapides lorsque le bâtiment est stoppé pour hisser un
hydravion.L'ingénieur mécanicien HANSENNE,qui visite le bateau,est heureux de trouver la
documentation que je lui fournis et qui vient d'un article de la revue "Marine" !Le bâtiment base
"SAAR" que la Marine Nationale baptisera "GUSTAVE ZEDE" a un caisson de décompression.
Mon rôleau G.B.R. m'a ouvert les yeux sur les progrès réalisés par les allemands dans tous
les domaines.Et je n'ai pas tout vu!
A Cherbourg existe une école d'administration qui forme des officiers.Je n'ai pas encore
décidé de quitter le corps navigant mais j'hésite car je ne tiens pas à rester sous-officier et l'école
d'administration m'offre,si je réussis le concours d'entrée,une promotion rapide.
La voie classique qui peut faire de moi un officier des équipages demande plus de patience.Je
prépare l'école d'administration pour augmenter mon niveau intellectuel. Le droit administratif a des
propriétés soporifiques certaines et il faut beaucoup de volonté pour continuer.
Un beau jour j'apprends que je suis désigné pour la préfecture maritime de la Première
Région;c'est la Préfecture Maritime de Cherbourg.
Je me présente au chef d'état-major;l'entretien sera bref:"Je ne vous ai pas demandé,dit le
C.E.M.,nous avons ici le maître canonnier Germain qui remplit les fonctions de vaguemestre d'une
façon remarquable,alors,dites moi ce que vous désirez avoir comme embarquement,je m'en
occuperai."J'apprenais donc que j'étais désigné pour m'occuper du courrier de la préfecture
maritime.Cela ne me disait rien du tout.Et puis j'avais de bonnes raisons de retrouver de bons bateaux
pourvus de canons et de conduite de tir:aucas ou je restais dans la marine navigante,il était plus
intéressant pour moi de travailler dans une spécialité que je connaissais bien.Dans la rade de Brest,il y
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