LES EMBARQUEMENTS D'UN MARIN

Le passage sur les boucles de la rade de Brest constitue une excellente école: il, faut prendre les
alignements et revenir dessus en fin de parcours après un excellent “Boutakoff”.
Le “VEGA” se manoeuvre facilement et je me débrouille assez bien après avoir
observé le Commandant , excellent manoeuvrier.
Je suis à bonne école.
Notre ingénieur Mécanicien se débrouille bien; il rédige un rapport sur le
fonctionnement du SHARPLES , centrifugeur du gas oil , qui ne donne pas satisfaction.
Un beau matin , à peine arrivé à bord, le “Pacha” me regarde d’un drôle d’air: “Mais vous avez la
jaunisse!”.
Je me regarde dans la glace:c’est bien vrai. Je pensais être un peu grippé .
Le L.V. FLOHIC n’hésite pas:”Allez chez vous , vous rejoindrez le “VEGA” lorsque vous
serez guéri.”
C’est ce que j’ai fait , mais je n’ai pas pris de convalescence et j’ai eu tort car je suis
resté fatigué pendant plusieurs mois alors que j’avais besoin de tout mon dynamisme .
Avant de quitter Brest , j’invite le Pacha et l’ingénieur mécanicien à diner à la maison . Tante Denise se
joint à nous, rue Dixmude.
De retour à Cherbourg , je prépare personnel et matériel en vue des exercices programmés pour
nous rendre opérationnels.
Nous sortons régulièrement pour entrainement individuel , puis en groupe .
Le Commandant voit son état major s’étoffer puisque l’officier de troisième classe des
équipages Olivier LE MOIGNE embarque...mais nous perdons nos Midships!
Je fais un exposé de la situation à bord du “VEGA” à l’Officier en troisième . Ca se passe au carré...et je
termine par un portrait du Commandant (vu de mon hublot). Je m’aperçois un peu plus tard que je suis
assis sous le porte-voix qui débouche sur la passerelle . Mais ce coquin de porte-voix rejoint celui du
Commandant qui, installé à son bureau , a tout entendu!
Heureusement , je ne suis pas porté à l’exagération.
De temps en temps je vais chez mes parents, rue de la Poterie. C’est au cours d’un weekendque
je suis réveillé par maman: Papa était victime d’une grave hémorragie . Le docteur appelé
recommande examen en clinique, puis opération. Papa est conduit dans la clinique de “La Bucaille” à
Cherbourg. Il est opéré par le docteur LE NOEL . Cet excellent chirurgien nous laisse peu d’espoir : ce
n’est qu’un sursis Nous sommes au mois d’Avril .
Je ferai visite à mon père le plus souvent possible . Maman est désemparée mais fait face
courageusement.
Le travail est un excellent dérivatif mais la jaunisse m’a affaibli ; je fais ce que je peux .
Je m’aperçois que mon second-maitre manoeuvrier , chargé de la mise à l’eau de la drague ,
manque d’organisation et de reflexes . Je ne peux commander à sa place car se serait le déconsidérer
aux yeux de l’équipage.
Il me parait difficilement perfectible .
En ce qui concerne la navigation , nous disposons du “DECCA” qui nous permet de situer avec
précision sur la carte les zones draguées . Bien entendu , nous utilisons des mines d’exercice dans les
zones saines .
La manoeuvre du bateau est aisée car notre système de propulsion est souple . Seul inconvénient , il est
bruyant au port .
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