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L'Elegance du herisson

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particulièrement pénible, certains jours, de devoir m’extirper de<br />

la lecture d’un Connelly ou d’un Mankell pour aller répondre au<br />

coup de sonnette de Bernard Grelier ou de Sabine Pallières,<br />

dont les préoccupations ne sont pas congruentes aux<br />

méditations de Harry Bosch, le flic amateur de jazz <strong>du</strong> LAPD,<br />

spécialement lorsqu’ils me demandent :<br />

— Pourquoi les or<strong>du</strong>res sentent jusque dans la cour ?<br />

Que Bernard Grelier et l’héritière d’une vieille famille de la<br />

Banque puissent se soucier des mêmes choses triviales et<br />

ignorer conjointement l’utilisation <strong>du</strong> pronom personnel<br />

postverbe que la forme interrogative requiert jette sur<br />

l’humanité un éclairage nouveau.<br />

Au chapitre cinématographique, en revanche, mon<br />

éclectisme s’épanouit. J’aime les blockbusters américains et les<br />

œuvres <strong>du</strong> cinéma d’auteur. En fait, j’ai longtemps consommé<br />

préférentiellement <strong>du</strong> cinéma de divertissement américain ou<br />

anglais, à l’exception de quelques œuvres sérieuses que je<br />

considérais avec mon œil esthétisant, l’œil passionnel et<br />

empathique n’ayant d’accointances qu’avec le divertissement.<br />

Greenaway suscite en moi admiration, intérêt et bâillements<br />

tandis que je pleure comme une madeleine spongieuse à chaque<br />

fois que Melly et Mama montent l’escalier des Butler après la<br />

mort de Bonnie Blue et tiens Blade Runner pour un chefd’œuvre<br />

de la distraction haut de gamme. Pendant longtemps,<br />

j’ai considéré comme une fatalité que le septième art soit beau,<br />

puissant et soporifique et que le cinéma de divertissement soit<br />

futile, réjouissant et bouleversant.<br />

Tenez, par exemple, aujourd’hui, je frétille d’impatience à<br />

l’idée <strong>du</strong> cadeau que je me suis offert. C’est le fruit d’une<br />

exemplaire patience, l’assouvissement longtemps différé <strong>du</strong><br />

désir de revoir un film que j’ai vu pour la première fois à la Noël<br />

1989.<br />

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