Géologie de l'Antépermien de Vanoise septentrionale (zone ...

tel-00011367, version 2 - 27 Dec 2010
"Sur la rive est du Lac de Friolin, on trouve une roche de type
exceptionnel. A l'œil nu, des phénoblastes feldspathiques ovoïdes se détachent
sur un fond finement grenu, peu laminé.
Au microscope, ce fond est un tissu formé d'albite limpide, à macles
polysynthétiques constantes, en plages subrectangdaires orientées en tous
sens avec une tendance intersertale. Entre les feldspaths, et les envahissant
quelque peu sur les bords, on ne trouve ici que de la chlorite (pennine),
avec de l'épidote en semis de grains tardifs, parfois groupés en archipels,
et un peu d'oligiste. Les phénoblastes se rbsolvent en une association comple-
xe de grandes plages d'albite maclée ; toutes les transitions de taille les
relient aux feldspaths du fond" ...
"L'analyse chimique (an. n015) conduit à une norme assez bizarre
de norite leucocrate (malchite) particulièrement pauvre en potasse" ...
"avec An 22,6% (andésine-oligoclase) et 6% de quartz virtuel. On calcule
. .
46,6% d'albite, ce qui correspond bien à l'albite modale.
Cette roche à structure éruptive cependant évidente n'est formée
que de minéraux de la paragenèse alpine : albite, chlorite, épidote, oligiste,
etc. Or il n'est pas certain, en tout cas pour l'albite, que ces minéraux résul-
tent nécessairement d'une épigénie alpine. Une fois de plus, on doit évoquer
le problème des spilites. La limpidité de l'albite systématiquement maclise
rend peu' probable une épigénie alpine de plagioclases très calciques, donc
un apport tardif de soude. La pauvreté en chaux peut être due à une disso-
lution récente des carbonates, ou A une migration alpine de ceux-ci. Au
prix d'une certaine addition de chaux, le point figuratif de la roche viendrait
en effet se placer correctement, sur nos graphiques, dans le groupe des
roches éruptives basiques. Il s'agit d'une différenciation locale, leucocrate
et très sodique, du même magma."
L'analyse de numéro E 15 (annexes 1 et 2) est celle évoquée par Ellenberger.
Je fournis bgalement une analyse nouvelle (G 83 037) de ce faciès, où la norme
C.I.P.W. comprend 60% d'albite. La figure 35 regroupe une vue au microscope
de cet échantillon et un dessin de l'affleurement dont il est extrait. Ces apophyses,
peut-être d'origine intrusive, comme les auréoles de cristallisation symplectique
qui prolongent et engainent les albites, me font supposer comme Ellenberger
(citation précédente) que la richesse en soude de la roche ne doit que peu de
choses au métamorphisme alpin. En faire un "différenciat sodique" me paraît
cependant hasardeux, du fait de l'instabilité de l'albite dans les conditions de
température proprement magmatiques. Une genèse par hydrothermalisme et/ou
par des phénomènes de type pegmatitique (la texture évoque d'ailleurs un grano-
phyre) poumai t aussi être proposée, puisqu'elle impliquerait des températures
plus modérées (300°C ?).
L'intérêt géochimique de ce faciès est de montrer que la date de l'albitisa-
tion, ou de la "spilitisation sodique", est, du moins dans ce cas, à placer après
la consolidation des "gabbros" (sinon avant leur refroidissement complet), et
avant le métamorphisme alpin.