C’est l’interprétation poétique du charmant adage italien : Oh ! jeunesse, printemps de la vie 15 ! M. Cé<strong>le</strong>stin Nanteuil 16 s’est contenté d’exposer une seu<strong>le</strong> toi<strong>le</strong> représentant une Scène de Don Quichotte 17 . Il a pris l’instant où <strong>le</strong> brave et bon gentilhomme est ramené dans une cage de bois à la maison de sa nièce et de sa gouvernante ; <strong>le</strong> choix de ce sujet a l’avantage de mettre en scène <strong>le</strong>s principaux personnages du roman de Cervantes ; Sancho Pança est descendu de son cher et digne âne ; il a bien cette grosse et grasse bonhomie que chacun prête au bon écuyer ; <strong>le</strong> barbier Nicolas et <strong>le</strong> curé Pero Perès sont éga<strong>le</strong>ment à <strong>le</strong>ur poste, au second plan, comme il convient aux rô<strong>le</strong>s secondaires. La composition de ce tab<strong>le</strong>au est fort heureuse ; il y a du mouvement et de la vie dans ces divers groupes. On ne pourrait donc lui reprocher que de l’indécision dans <strong>le</strong> dessin je ne sais quoi de vague et de nuageux dans <strong>le</strong> coloris : en tout cas, il n’offre rien de bien espagnol ; ce n’est point là <strong>le</strong> ciel de la Manche ; après tout, M. Cé<strong>le</strong>stin Nanteuil a pu penser à bon droit que la magnifique épopée de Cervantès était de tout pays, que Don Quichotte devait être essentiel<strong>le</strong>ment cosmopolite, et qu’en fin de compte tous <strong>le</strong>s héros de sa trempe ne sont pas tous au delà des Pyrénées ; il peut avoir raison ; or, puisque aucun homme de sens ne <strong>le</strong> chicanera à cet égard, il faudra convenir que son tab<strong>le</strong>au est une œuvre intéressante et suffisamment réussie. Il semb<strong>le</strong> que M. Paul Flandrin 18 ait <strong>le</strong> privilège de faire de la peinture un peu vieil<strong>le</strong> ; il est impossib<strong>le</strong> de rencontrer, soit dans <strong>le</strong>s points de vue qu’il prend d’après nature, soit dans <strong>le</strong>s paysages au milieu desquels il traite de sujets religieux ou profanes, cette fraîcheur de ton, cette juvénilité de coloris qui distingue l’éco<strong>le</strong> française ; ses tab<strong>le</strong>aux ont l’air d’appartenir à un autre sièc<strong>le</strong> ; cette particularité est frappante au plus haut point dans <strong>le</strong>s diverses toi<strong>le</strong>s qu’il expose cette année ; il a pris dans l’Évangi<strong>le</strong> <strong>le</strong> sujet de son plus important ouvrage, Jésus et la Chananéenne 19 ; nous admirons <strong>le</strong> sentiment religieux avec <strong>le</strong>quel M. Flandrin a traité cette situation ; la foi 15 « O gioventù primavera del età ! / O primavera gioventù del anno ! » (A<strong>le</strong>xandre Dumas, Joseph Balsamo : Mémoires d’un médecin, Tome II, 1846-1848, ch. 54). Verne cite d’ail<strong>le</strong>urs ce roman dans une <strong>le</strong>ttre à sa mère : « Vous lisez paraît-il Balsamo, dont j’ai toujours l’honneur de visiter l’illustre auteur » (9 mars 1850). 16 Cé<strong>le</strong>stin Nanteuil (1813-1873), né à Rome de parents français, médail<strong>le</strong>s en 1837 et 1848. Il « compose toujours avec énergie et imagination » (BAUDELAIRE [1859], p. 353). 17 « Les enchanteurs sont venus, évoqués par des chevaliers félons, et <strong>le</strong> doux hidalgo est enfermé dans cette grande cage. . . que traînent <strong>le</strong>ntement des bœufs courbés sous <strong>le</strong> joug. On s’est arrêté près d’une posada tout empanachée de pampres et sur <strong>le</strong> seuil de laquel<strong>le</strong> l’hôte rubicond apparaît, portant un ventre qui fait envie à Sancho fort occupé, de son côté, à presser une outre à laquel<strong>le</strong> il va bientôt donner une longue et fructueuse accolade. . . Il est diffici<strong>le</strong> de mettre plus de charme, plus de coloris ingénieux et frais » (DU CAMP, pp. 70-71). 18 Paul-Jean Flandrin (1811-1902), élève d’Ingres, paysagiste, membre du jury du Salon. Cité dans « Joyeuses misères » comme ayant « assez de ta<strong>le</strong>nt pour reproduire ce qu’il[s] n’[a] jamais vu ». « M. Paul Flandrin n’a pas visité la terre sainte ; pourquoi s’obstine-t-il à vouloir la peindre ? » (DU CAMP, p. 123). « Je trouve que vous ne faites pas assez grand, Flandrin ! » (NADAR, p. 62). 19 « Les lignes du paysage sont grandes, la cou<strong>le</strong>ur est sévère, <strong>le</strong> sujet historique bien rendu, <strong>le</strong>s figures bien dessinées et <strong>le</strong>s draperies ont du sty<strong>le</strong>. Mais en dehors du paysage classique, la cou<strong>le</strong>ur. . . est sèche et sévère » (AUVRAY, p. 66). 119
de cette pauvre mère qui se précipite aux pieds de Jésus est audacieuse et palpitante ; là était l’intérêt principal de la scène, car <strong>le</strong> Sauveur refusait d’écouter cette femme, et ce ne fut qu’à force de supplications qu’el<strong>le</strong> obtint la guérison de sa fil<strong>le</strong> ; <strong>le</strong>s divers personnages sont intelligemment groupés dans la campagne, et chacun d’eux est dessiné dans des attitudes vraies et variées. Les Bords du Rhône près de Vienne en Dauphiné laissent beaucoup à désirer sous <strong>le</strong> rapport de la cou<strong>le</strong>ur qui, nous <strong>le</strong> répétons, n’est pas suffisamment moderne. Figure 113. Yvon, Prise de la tour Malakoff, <strong>le</strong> 8 septembre 1855 120
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