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Lire le livre - Ibiblio

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champs est une traduction heureuse de la fab<strong>le</strong> 34 ; <strong>le</strong> contraste gracieux de ces petits<br />

animaux, la sécurité de l’un, l’inquiétude de l’autre, sont spirituel<strong>le</strong>ment rendus ; <strong>le</strong><br />

campagnard, la patte <strong>le</strong>vée, l’oreil<strong>le</strong> au guet, ne mange que du bout des dents ; il y a<br />

tout un jeu de physionomie parfaitement étudié dans ces deux petits museaux. Nous<br />

regretterons seu<strong>le</strong>ment que M. Ph. Rousseau ait fait entrevoir un chien ma<strong>le</strong>ncontreux<br />

dans l’éloignement. Lafontaine n’a jamais nommé ce quelqu’un qui troubla la fête et<br />

força nos deux rats de déta<strong>le</strong>r. Je regrette de savoir que ce fût un chien, et j’en veux à<br />

M. Ph. Rousseau de me l’avoir appris.<br />

M. Édouard Frère 35 , dans deux petites toi<strong>le</strong>s d’intérieur, a résumé de charmantes<br />

scènes de famil<strong>le</strong>. Une mère a retiré du bain son enfant dont <strong>le</strong> corps mignon tremb<strong>le</strong><br />

au contact de l’air, et qu’el<strong>le</strong> enveloppe dans des linges chauds et blancs 36 . Le Lever la<br />

représente jouant avec ce petit être qu’el<strong>le</strong> aime tant, et se cachant à demi derrière un<br />

rideau pour l’amuser : ces deux tab<strong>le</strong>aux sont peints avec beaucoup de tendresse et de<br />

grâce. – M. Th. Frère 37 a rapporté d’Égypte divers paysages qui se recommandent par<br />

<strong>le</strong> coloris p<strong>le</strong>in des rayons brûlants et des chaudes émanations du so<strong>le</strong>il d’Orient. Nous<br />

citerons une Halte à Girgey 38 , une Vue prise à Girgey, et <strong>le</strong>s Pyramides de Gizeh, prises<br />

au Caire au so<strong>le</strong>il couchant.<br />

Les peintres d’Orient sont, au Salon, au moins aussi nombreux que <strong>le</strong>s peintres de<br />

la Bretagne. Nous avons cité M. Belly, M. Th. Frère ; nous aurons encore à par<strong>le</strong>r de<br />

M. Tournemine, de M. Fromentin, et surtout de M. Gérôme.<br />

Commençons d’abord par l’un de ses tab<strong>le</strong>aux qui n’a rien d’oriental, et dont on a<br />

beaucoup parlé, la Sortie du bal masqué 39 . Un pierrot et un ar<strong>le</strong>quin se sont pris de<br />

querel<strong>le</strong> ; ils ont quitté <strong>le</strong> bal, ils se sont rendus sous <strong>le</strong>s grands arbres voisins, d’où<br />

C’est réel<strong>le</strong>ment faire des natures mortes, librement, en paysagiste, en peintre de genre,<br />

en homme d’esprit » (BAUDELAIRE [1846], pp. 69-70). « Charmantes compositions »<br />

(AUVRAY, p. 69).<br />

34 Jean de La Fontaine, Fab<strong>le</strong>s, <strong>livre</strong> I, dont la conclusion est « la crainte peut corrompre<br />

».<br />

35 Pierre-Édouard Frère (1819-1886), élève de Delaroche, peinture de genre, 3 médail<strong>le</strong>s<br />

précédentes.<br />

36 La Sortie du bain.<br />

37 Char<strong>le</strong>s-Théodore Frère (1814-1888), frère de Pierre Édouard, élève de Camil<strong>le</strong><br />

Roqueplan et de Coignet, 3 médail<strong>le</strong>s précédentes.<br />

38 Sic pour Girgeh (haute Égypte).<br />

39 « Dans une avenue du Bois de Boulogne. . . <strong>le</strong> pierrot, touché en p<strong>le</strong>ine poitrine,<br />

tombe mortel<strong>le</strong>ment b<strong>le</strong>ssé dans <strong>le</strong>s bras de ses témoins. . . qui l’étendent sur <strong>le</strong> sol couvert<br />

de neige et examinent avec inquiétude l’état de la b<strong>le</strong>ssure. . . Il faut voir ce tab<strong>le</strong>au<br />

où l’artiste a mis tout son ta<strong>le</strong>nt de peintre et de dessinateur » (AUVRAY, p. 42). « Le tab<strong>le</strong>au<br />

<strong>le</strong> plus populaire du Salon. . . Le premier aspect de cette petite toi<strong>le</strong> est indécis :<br />

est-ce une scène sérieuse ?. . . Sa main droite tient encore l’épée de combat, mais ses<br />

yeux qui se ferment, sa bouche qui bée, la sueur glacée qui fait p<strong>le</strong>urer la farine sur son<br />

front, témoigneraient suffisamment que la mort est proche, lors même que <strong>le</strong> sang qui<br />

macu<strong>le</strong> la casaque blanche et s’épand inférieurement n’indiquerait pas un coup trop<br />

sûr. . . Au fond, <strong>le</strong> fiacre qui attend <strong>le</strong> moribond » (NADAR, p. 9). « Sortie du Bal masqué.<br />

. . soulève aussi des objections nombreuses. L’exécution généra<strong>le</strong> est faib<strong>le</strong> et<br />

mol<strong>le</strong>. . . La tête et <strong>le</strong> bras du pierrot sont d’une excel<strong>le</strong>nte facture. . . Mais la robe du nob<strong>le</strong><br />

vénitien éclate trop. . . Par quel secret étrange M. Gérôme a-t-il pu faire perdre au<br />

duel et à la mort <strong>le</strong>ur so<strong>le</strong>nnité et <strong>le</strong>ur grandeur farouches ? » (CASTAGNARY, pp. 56-57).<br />

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