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M. Comte 47 expose, dans ce premier salon, deux tab<strong>le</strong>aux dans <strong>le</strong> genre de celui<br />
qui lui a valu ses entrées au Luxembourg : une discussion religieuse où figure Jane<br />
Grey, œuvre d’un intérêt peu saisissant 48 , et Henri III visitant sa ménagerie de singes<br />
et de perroquets 49 ; nous préférons beaucoup ce dernier ; la jeune femme, au bras du<br />
roi, est éminemment gracieuse ; la cou<strong>le</strong>ur de ce tab<strong>le</strong>au est bonne et nourrie, comme<br />
il convient à ces costumes du seizième sièc<strong>le</strong>. Nous n’avons à mentionner ici qu’une<br />
délicieuse petite toi<strong>le</strong> de M. Gérôme 50 , représentant des Pifferari ; la grâce et la perfection<br />
de cette peinture sont exquises. Nous nous réjouissons d’avance d’avoir à par<strong>le</strong>r<br />
plus tard des merveil<strong>le</strong>s que M. Gérôme a rapportées d’Égypte.<br />
M. Ed. Hédouin 51 a présenté l’un des meil<strong>le</strong>urs tab<strong>le</strong>aux du Salon : ce sont des<br />
Glaneuses 52 surprises par l’orage ; il a rendu d’une façon saisissante ces nuages lourds<br />
et menaçants ; <strong>le</strong>s pauvres fil<strong>le</strong>s effrayées se sauvent avec <strong>le</strong>ur butin, et luttent déjà<br />
contre <strong>le</strong> vent qui s’élève ; on se sent la poitrine oppressée devant ce ciel terrib<strong>le</strong> ; <strong>le</strong><br />
sentiment de cette toi<strong>le</strong> est supérieurement traduit, et l’effet en ressort avec une grande<br />
énergie ; <strong>le</strong>s glaneuses ont été groupées avec ta<strong>le</strong>nt par <strong>le</strong> peintre et se distinguent fortement<br />
sur ce terrain tout assombri par <strong>le</strong>s nuages du ciel. Il n’est pas douteux que ce<br />
tab<strong>le</strong>au n’obtienne un légitime succès.<br />
47 Pierre-Char<strong>le</strong>s Comte (1815 ou 1823-1895), discip<strong>le</strong> de Robert-F<strong>le</strong>ury, genre historique,<br />
trois médail<strong>le</strong>s aux salons précédents. Les trois tab<strong>le</strong>aux de Comte « se distinguent<br />
par <strong>le</strong>s mêmes qualités élégantes et la même richesse de détails » (Journal des demoisel<strong>le</strong>s,<br />
25 e année, 1857, p. 245). Proclamé chevalier de la <strong>le</strong>gion d’honneur et rappel de médail<strong>le</strong><br />
de deuxième classe au Salon.<br />
48 Jeanne Grey, future reine d’Ang<strong>le</strong>terre (1553) : « après une discussion. . . contre<br />
<strong>le</strong>s théologiens Bonnet, Gardiner et Feckenham, son mari, lord Guilford Dud<strong>le</strong>y, se jette<br />
à ses pieds pour lui demander pardon d’avoir voulu abandonner sa foi » (Catalogue).<br />
« D’une cou<strong>le</strong>ur plus sévère que <strong>le</strong>s précédents, parfaitement en harmonie avec <strong>le</strong> sujet »<br />
(AUVRAY, p. 24).<br />
49 « Une merveil<strong>le</strong> de composition, de grâce et de coloris » (DU CAMP, p. 38).<br />
« Peinte et dessinée avec une grande délicatesse de pinceau ; il y a des types charmants »<br />
(AUVRAY, p. 23). « Le meil<strong>le</strong>ur tab<strong>le</strong>au de M. Comte, un vrai peintre, — né à Lyon ! Ses<br />
femmes sont charmantes et variées, <strong>le</strong>s étoffes merveil<strong>le</strong>usement rendues ; meub<strong>le</strong>s, accessoires,<br />
tout est à son place et bien éclairé » (NADAR, p. 18).<br />
50 Jean-Léon Gérôme (1824-1904), élève de Delaroche.<br />
51 Edmond Hédouin (1820-1889), élève de Delaroche et de Cé<strong>le</strong>stin Nanteuil, rappel<br />
de 2 e classe au Salon.<br />
52 Selon <strong>le</strong> Catalogue, Glaneuses à Chambandoin (Loiret). « Son meil<strong>le</strong>ur tab<strong>le</strong>au. . .<br />
Des femmes attaquées par un orage subit au milieu des champs se sauvent en emportant,<br />
sur <strong>le</strong>urs têtes et <strong>le</strong>urs épau<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s de blé qu’el<strong>le</strong>s ont recueillies » (DU CAMP, p.<br />
117). « M. Hédouin. . . possède une touche ferme et qui entend la cou<strong>le</strong>ur » (BAUDELAIRE,<br />
Curiosités esthétiques. L’Art romantique et autres œuvres critiques (éd. Henri Lemaître),<br />
Garnier 1962 (abrégé par la suite BAUDELAIRE) [1846], p. 146).<br />
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