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Deuxième artic<strong>le</strong><br />

MM. DUVEAU. – LUMINAIS. – STEVENS. – BENOUVILLE. – HÉDOUIN. – FRANÇAIS.<br />

– PH. ROUSSEAU. – FORTIN. – BELLY. – FRÈRE. – FLAHAUT. – A. LELEUX. – ANASTASI.<br />

– GLAIZE. – JALABERT. – PENGUILLY. – GÉRÔME. – FROMENTIN. – TOURNEMINE. – E.<br />

GIRAUD. – CH. GIRAUD. – MILLET. – FLERS. – CABAT. – COROT. – LEROUX. – CABA-<br />

NEL. – AÏVASOVSKY. – VERLAT. – COURBET.<br />

Nous parcourons aujourd’hui <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s IV et VI de l’exposition ; notre but est de<br />

raconter tout simp<strong>le</strong>ment ce qu’on y voit et ce qu’on y entend, de présenter quelques<br />

observations personnel<strong>le</strong>s, de résumer <strong>le</strong>s diverses impressions des visiteurs, en un<br />

mot, de faire moins la critique que la chronique du Salon de 1857.<br />

Nous allons tout droit d’abord au tab<strong>le</strong>au de M. Noël Duveau 1 ; <strong>le</strong> regard est sollicité<br />

par <strong>le</strong> rayonnement sympathique de cette toi<strong>le</strong> ; il y a beaucoup de tab<strong>le</strong>aux bretons<br />

cette année, mais celui-ci, appelé <strong>le</strong> Viatique 2 , et <strong>le</strong> Pè<strong>le</strong>rinage 3 de M. Luminais 4 ,<br />

sont de bel<strong>le</strong>s et grandes œuvres, dont il faut par<strong>le</strong>r avec éloge.<br />

Par un temps affreux, p<strong>le</strong>in de pluie et de rafa<strong>le</strong>s, quelques femmes bretonnes ont<br />

été chercher <strong>le</strong> prêtre pour administrer un mourant ; ce bon curé a revêtu <strong>le</strong> surplis et<br />

l’éto<strong>le</strong> ; il a pris <strong>le</strong> ciboire, et il est parti tête nue, sous <strong>le</strong> ciel sombre et par <strong>le</strong>s chemins<br />

glissants ; il est précédé de deux paysans portant <strong>le</strong>s fanaux, et d’un sacristain<br />

agitant la sonnette ; un groupe de femmes éplorées <strong>le</strong> suit ; l’une d’entre el<strong>le</strong>s, grande<br />

et décharnée, comme on en rencontre sur ces places incultes, marche appuyée sur ses<br />

béquil<strong>le</strong>s. Voilà toute l’action ; mais ce que la plume est inhabi<strong>le</strong> à rendre, c’est <strong>le</strong> sentiment<br />

du tab<strong>le</strong>au, la foi profonde empreinte sur chaque physionomie, <strong>le</strong>s détails vrais<br />

et chrétiens de la mise en scène ; la tempête se déchaîne avec une vio<strong>le</strong>nce remarquab<strong>le</strong>ment<br />

rendue ; <strong>le</strong>s nuages sont emportés rapidement par <strong>le</strong>s vents d’ouest ; <strong>le</strong>s<br />

ajoncs des chemins se couchent avec bruit, <strong>le</strong> sol imprégné d’eau miroite sous <strong>le</strong>s<br />

pieds de ces pauvres gens, et cependant cette procession se hâte pour offrir au mourant<br />

1 Louis Noël Duveau (1818-1867), élève de Cogniet, 2 médail<strong>le</strong>s précédentes.<br />

2 Dans une tempête, un prêtre breton a pris <strong>le</strong> ciboire, et va, par des chemins diffici<strong>le</strong>s,<br />

porter <strong>le</strong> viatique à un mourant. Deux jeunes paysans <strong>le</strong> précèdent portant des fanaux<br />

; <strong>le</strong> sacristain agite la sonnette ; des femmes éplorées suivent. « [Ce] Viatique, qui<br />

passe et se hâte, sur ce plateau âpre et véhément que secoue <strong>le</strong> vent de la côte, reste. . .<br />

longtemps dans l’esprit comme une apparition douloureuse et sinistre » (CASTAGNARY, p.<br />

58). « La cou<strong>le</strong>ur de M. Louis Duveau est inéga<strong>le</strong>. . . triste et monotone » (ABOUT, p.<br />

202). « Cette composition est empreinte d’un caractère religieux qui impressionne et attache<br />

» (AUVRAY, p. 50).<br />

3 « Si je retrouve ce ciel nacré où <strong>le</strong> jeune peintre excel<strong>le</strong>, j’y vois, par triste compensation,<br />

des terrains en terne glaise, des lourdeurs de touche au moins inuti<strong>le</strong>s et un<br />

laisser al<strong>le</strong>r dans la facture » (DU CAMP, pp. 89-90).<br />

4 Évariste Vital Luminais (1821-1896), rappel de médail<strong>le</strong> de 3 e classe au Salon. «<br />

[Le] côté légendaire de cette Bretagne dont. . . Luminais [rend] si bien <strong>le</strong> côté rustique »<br />

(Théophi<strong>le</strong> GAUTIER, Abécédaire du Salon de 1861, Dentu 1861 (abrégé par la suite GAU-<br />

TIER, Abécédaire), p. 119).<br />

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