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fermer dans une théorisation tapageuse. Tout en regrettant, en somme, que Verne ne<br />
s’avance guère vers l’explicitation de ses croyances artistiques, une tel<strong>le</strong> discrétion ne<br />
paraît pas surprenante car el<strong>le</strong> durera toute sa vie, que ce soit dans l’idéologie de son<br />
œuvre, dans sa critique littéraire ou dans ses remarques sur sa propre vie et sa propre<br />
œuvre.<br />
Il existe sûrement des liens entre Salon de 1857 et la carrière future de Verne. Son<br />
éditeur, Félix Pigeory, est membre fondateur de la Société française de photographie,<br />
créée en 1854 19 ; à partir de 1856, il pouvait y côtoyer Nadar. Mais Pigeory est surtout<br />
ami et collègue de Pitre-Chevalier, breton comme lui ; ils fondent ensemb<strong>le</strong>, en 1856<br />
précisément, la station balnéaire de Vil<strong>le</strong>rs-sur-Mer 20 . L’importance de ce lien réside<br />
en ce que, si Pigeory est <strong>le</strong> deuxième grand éditeur de Verne, Pitre-Chevalier est <strong>le</strong><br />
premier, lui commandant, entre autres, « un très long artic<strong>le</strong> sur Lucia [di Lammermoor]<br />
» 21 , opéra (1835) de Donizetti, tiré de The Bride of Lammermoor (1819), de<br />
Walter Scott. Ancien élève du Collège Royal de Nantes, comme Verne, ami des parents<br />
de celui-ci, Pitre-Chevalier avait publié plusieurs <strong>livre</strong>s sur Nantes et la Bretagne.<br />
Directeur du Musée des famil<strong>le</strong>s, entre 1851 et 1853 il publie quatre nouvel<strong>le</strong>s de<br />
Verne, ainsi qu’une pièce, Châteaux en Californie, coécrite par <strong>le</strong>s deux hommes. En<br />
septembre 1856, Verne passe « trois ou quatre jours chez Pitre-Chevalier [à Marly]<br />
pour qui j’ai un travail à finir » 22 . Ce travail, qui ne paraitra jamais dans <strong>le</strong> Musée des<br />
famil<strong>le</strong>s, n’a pas été identifié : pourrait-il avoir un lien avec Salon de 1857, commandé<br />
quelques mois plus tard ?<br />
Nadar, romancier, journaliste, photographe et dessinateur, publie lui-même,<br />
comme nous avons vu, un <strong>livre</strong> de caricatures du Salon. Il n’est donc pas impossib<strong>le</strong><br />
que <strong>le</strong>s chemins de Nadar et de Verne se soient croisés à ce moment, même si ce n’est<br />
que par publications interposées. Trois autres personnages, dont on souhaiterait<br />
connaître plus précisément la nature des éventuels contacts entretenus avec Verne dès<br />
1857, sont Cham, Ernest Meissonier et Gautier. Cham et Verne se connaissent, car <strong>le</strong><br />
caricaturiste fait partie, de temps en temps, du groupe de remisiers-artistes assemblé<br />
par Verne et qui, à partir de cette période, se réunit près de la Colonnade de la Bourse,<br />
lieu de travail du nouveau critique.<br />
19 « Architecte, directeur de la Revue des beaux-arts, 78, rue de Clichy ».<br />
20 « Pitre-Chevalier vient avec <strong>le</strong> carnet d’adresses, Pigeory prend en charge <strong>le</strong> développement<br />
proprement dit de la station », http://www.vil<strong>le</strong>rs-sur-mer.fr/ot/decouverte<br />
/special/naissance.php?lng=0.<br />
21 Lettre de Verne à son père, 22 mars [1852].<br />
22 Lettre de Verne à son père, 10 sept. 1856.<br />
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