Lire le livre - Ibiblio
Lire le livre - Ibiblio
Lire le livre - Ibiblio
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
mais sont-ils suffisamment peints ; c’est une question à, laquel<strong>le</strong> on est embarrassé de<br />
répondre. La scène a lieu, <strong>le</strong> soir, au château de Saint-Cloud, s’il faut en croire <strong>le</strong> Moniteur<br />
6 ; car la lumière des lustres est bien pâ<strong>le</strong> et jette une teinte bien grise sur ces habits<br />
étincelants, sur ces poitrines chamarrées de tous <strong>le</strong>s ordres du monde ; la perspective<br />
fuyante des cent-gardes rangés sur <strong>le</strong> grand escalier de Saint-Cloud, ne paraît pas<br />
heureuse ; sa gracieuse majesté l’impératrice Eugénie semb<strong>le</strong> même avoir pris sous <strong>le</strong><br />
pinceau du peintre une dignité un peu raide. – Au bout du compte, ce tab<strong>le</strong>au remplit<br />
parfaitement son but en consacrant cet événement qui est à l’honneur de la France. Il<br />
faut bien <strong>le</strong> dire, néanmoins, M. Ch. Mül<strong>le</strong>r paraît avoir atteint la limite de son coloris<br />
pour <strong>le</strong>s grandes toi<strong>le</strong>s dans son Appel des condamnés ; son tab<strong>le</strong>au de Vive<br />
l’Empereur ! 7 n’avait plus déjà la cha<strong>le</strong>ur et l’entraînement de son sujet ; celui-ci aurait<br />
dû surtout être réchauffé par la cou<strong>le</strong>ur, qui est <strong>le</strong> sang et la vie de la peinture.<br />
Figure 58. Horace Vernet<br />
Bien des opinions se sont formées à propos du second tab<strong>le</strong>au de M. Ch. Mül<strong>le</strong>r,<br />
la reine Marie-Antoinette à la Conciergerie 8 ; involontairement, l’esprit et <strong>le</strong>s yeux se<br />
retournent vers la Marie-Antoinette de Paul Delaroche 9 , si touchante, si bel<strong>le</strong>, si fière<br />
encore au milieu de ses bourreaux. – Ici la reine va prendre son triste repas ; el<strong>le</strong> est<br />
debout, vêtue de sa longue robe noire qui lui donne une grandeur démesurée ; pendant<br />
ce temps, deux municipaux jouent aux cartes dans l’ombre d’un paravent ; toute la<br />
lumière se concentre sur la figure de la reine, fière et douloureuse ; on retrouve dans<br />
6 Le Moniteur universel.<br />
7 Pas exposé, selon Salon de 1857 : Soixante-dix-huitième exposition des ouvrages<br />
des artistes vivants (dorénavant : Catalogue).<br />
8 « Sans avoir <strong>le</strong> mérite exceptionnel de la Marie-Antoinette après sa condamnation,<br />
peint par Paul Delaroche, la scène reproduite par M. Mül<strong>le</strong>r impressionne et touche.<br />
Puis, on retrouve ici <strong>le</strong>s qualités de facture, la vigueur de cou<strong>le</strong>ur et de modelé que cet<br />
artiste a mis dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au qui a établi sa réputation, l’Appel des condamnés » (AUVRAY,<br />
p. 13).<br />
9 Paul Delaroche (1797-1857), peintre historique et portraitiste, professeur, membre<br />
de l’Institut.<br />
58