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ce tab<strong>le</strong>au <strong>le</strong>s qualités de M. Ch. Mül<strong>le</strong>r ; c’est <strong>le</strong> plus bel éloge qu’il nous soit permis<br />
d’en faire.<br />
M. Horace Vernet 10 a cinq tab<strong>le</strong>aux, et tous ont été placés dans cette sal<strong>le</strong> ;<br />
l’Illustration avait déjà, je crois, reproduit <strong>le</strong> premier qui représente la Batail<strong>le</strong> de<br />
l’Alma 11 ; la 3 e division, sous <strong>le</strong>s ordres du prince Napoléon, franchit la rivière et attaque<br />
<strong>le</strong> centre des Russes ; cette toi<strong>le</strong> est certainement due au pinceau de M. Horace<br />
Vernet, mais il est bien certain qu’el<strong>le</strong> ajoutera peu à sa gloire militaire : rien n’y<br />
manque, ni l’incendie de la maison de gauche, ni <strong>le</strong> zouave et <strong>le</strong> highlander réciproquement<br />
b<strong>le</strong>ssés, ni <strong>le</strong> cheval qui se cabre devant un bou<strong>le</strong>t qui sort du cadre ; la manière<br />
de M. H. Vernet est assez connue pour qu’il soit inuti<strong>le</strong> d’insister plus longtemps.<br />
Un portrait équestre de l’empereur Napoléon 12 , et deux portraits en pied des<br />
maréchaux Canrobert 13 et Bosquet 14 , occupent <strong>le</strong>s places d’honneur dans ce Salon ;<br />
enfin <strong>le</strong> Zouave trappiste 15 est une petite toi<strong>le</strong> assez touchante ; un zouave, recouvert<br />
de la robe de bure, est agenouillé près d’une croix, et prie en inclinant son front à<br />
peine cicatrisé ; <strong>le</strong> sentiment de cette situation est juste et fort bien réussi ; il y a du<br />
10 (Émi<strong>le</strong>-Jean-)Horace Vernet (1789-1863), élève de Vincent, diverses médail<strong>le</strong>s<br />
aux salons précédents, membre de l’Institut et l’un des plus célèbres peintres de<br />
l’époque, spécialisé dans l’histoire ; membre du jury du Salon.<br />
11 Toutes <strong>le</strong>s batail<strong>le</strong>s, sauf mention contraire, font partie de la guerre de Crimée<br />
(1853-1856 ; entre la Russie et une coalition comprenant l’Empire ottoman, <strong>le</strong> Royaume-<br />
Uni, la France et la Sardaigne). Ici, la 3 e division, commandée par <strong>le</strong> prince Napoléon,<br />
franchit la rivière Alma, pour attaquer <strong>le</strong>s Russes. La reproduction en question, par Bingham,<br />
paraît dans L’Illustration (n° 690, 17 mai 1856, p. 332). Gautier appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au<br />
« excel<strong>le</strong>nt ». « Le célèbre artiste a mis dans cette toi<strong>le</strong> tout <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt qu’on lui connaît ;<br />
tout y est touché de main de maître : types militaires, chevaux et paysage » (AUVRAY, pp.<br />
13-14).<br />
12 « Le Portrait équestre de S. M. l’empereur Napoléon III est si parfait qu’on peut<br />
dire que c’est un trompe l’oeil. Ce beau cheval blanc sort vraiment du cadre ; <strong>le</strong> cavalier<br />
est à l’aise, bien assis ; <strong>le</strong> bras droit en raccourci est admirab<strong>le</strong>ment bien dessiné, et la<br />
tête est <strong>le</strong> portrait <strong>le</strong> plus ressemblant et <strong>le</strong> mieux peint qu’on ait fait de l’Empereur »<br />
(AUVRAY, p. 55).<br />
13 François Certain Canrobert (1809-1895). « M. Vernet a été moins heureux dans <strong>le</strong><br />
Portrait en pied de S. E. M. <strong>le</strong> maréchal Canrobert. C’est un portrait entièrement manqué<br />
et auquel il faudrait changer <strong>le</strong> fond. Au surplus, l’artiste a été <strong>le</strong> premier à <strong>le</strong> reconnaître,<br />
puisqu’à l’heure qu’il est il l’a retiré du cadre pour y faire <strong>le</strong>s changements nécessaire<br />
» (AUVRAY, p. 56).<br />
14 Pierre François Joseph Bosquet (1810-1861). Le tab<strong>le</strong>au montre <strong>le</strong> maréchal au<br />
camp de Sébastopol, couvert de boue, enveloppé d’une pelisse fourrée et appuyé sur un<br />
canon dont la gueu<strong>le</strong> a été déchirée par un bou<strong>le</strong>t ennemi. « Le type martial, énergique,<br />
du maréchal Bosquet est bien rendu, largement touché comme <strong>le</strong> reste du tab<strong>le</strong>au » (AU-<br />
VRAY, p. 56).<br />
15 Tab<strong>le</strong>au peint à partir d’un fait historique, chez <strong>le</strong>s trappistes de Staouéli, près<br />
d’Alger. L’ancien soldat avait promis de se consacrer à Dieu, une fois guéri : <strong>le</strong>s trappistes<br />
l’accusent de lâcheté, afin de tester sa capacité de supporter <strong>le</strong>s épreuves injustes.<br />
« Un zouave. . . est agenouillé. . . sur une fosse nouvel<strong>le</strong>ment fermée. . . au loin, appuyé<br />
sur la barrière de l’entrée du cimetière, un frère d’armes. . . <strong>le</strong> considère avec attendrissement.<br />
Cette petite scène si bien peinte. . . » (AUVRAY, pp. 44-45). Edmond About, Nos<br />
Artistes au salon de 1857 (Hachette, 1858, abrégé par la suite ABOUT), ne l’apprécia pas,<br />
ni d’ail<strong>le</strong>urs Nadar : « évitons de trop rire devant <strong>le</strong> Zouave trappiste, — une idyl<strong>le</strong> militaire,<br />
— l’éco<strong>le</strong> Hamon en pantalon garance » (p. 47).<br />
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