L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

le mystère de la sexualité, de l'amour et de la famille. Qui dit discours prophétique
dit message qui n'est pas jailli du cœur de l'homme mais accueilli
comme révélation de Dieu. Certes, les pasteurs ont à accompagner les personnes
dans la diversité de leurs situations - ce qui a fait dire à Guy Raymond
qu'il y aurait à inventer une pastorale du concubinage - mais encore
faut-il qu'ils sachent dans quel sens marcher. Une tolérance mal comprise
en viendrait à conclure que tout se vaut, ce qui ne s'accorde pas au message
évangélique.
Le P. de Dinechin, en mettant en perspective Gaudium et Spes et l'encyclique
de Jean-Paul ll Familiaris Consortio (publiée en 1981 après le Synode
de l'année précédente sur la famille), dégage les lignes de force du discours
ecclésial. Le Concile, en mettant en premier la communauté de vie et
d'amour fondée par le mariage, en affirmant la dignité de la sexualité et en
reconnaissant la nécessité d'une paternité et d'une maternité responsables,
entend valoriser Thumain dans le mariage. (..encyclique de Jean-Paul ll
insiste sur une plus grande intégration de la famille dans le mystère du salut
et l'invite donc à s'ajuster au projet de Dieu en lui lançant l'appel : «Famille,
deviens ce que tu es». L'encyclique marque également une avancée spirituelle
sur le service de la vie et invite à proposer la famille chrétienne comme
une Bonne Nouvelle pour l'homme comme pour la société, allant jusqu'à
conclure que «l'avenir de l'humanité passe par la famille».
La présentation du message chrétien ne peut ignorer, sous peine de n'être
guère entendue, les obstacles qui se manifestent aujourd'hui : la difficulté de
résister aux nouveaux conformismes, le coût économique d'une vie familiale
chrétienne, la variété et le flou des modèles de vie proposés, le calendrier nouveau
de l'aventure conjugale le plus souvent décliné par la première rencontre,
l'entrée en ménage, la gestion des crises, la venue de l'enfant, le départ des
enfants et le tuilage des générations sous le même toit.
Face à cela, la pensée chrétienne a donc à relever un certain nombre de
défis. Alors que tend à se développer le sentiment que l'amour est contraire
à toute loi, nous avons à nous expliquer sur la différence qu'est l'agapè. Tout
don suppose réponse : un amour vrai oblige et appelle à quelque chose de
contraignant. L'institution est également garantie de liberté ; c'est au cœur
même de l'institution que la liberté prend corps. Il y a aussi nécessité d'affirmer
l'objectivité de la loi morale. S'il n'y a pas à réduire la loi de Dieu à la
loi de l'Église, ne peut cependant manquer de se poser la question de la
manière dont la loi de Dieu est inscrite dans les cœurs. Autre défi majeur
aujourd'hui : la sexualité tend à être déconnectée de l'ensemble du langage
corporel ; le corps n'est pas un instrument pour produire et pour jouir, il est
l'expression de toute la personne, corps et âme unis selon la tradition chrétienne.
Dans une civilisation qui prône le culte du provisoire, l'entrée dans la
durée suppose une vraie disponibilité où le pardon occupe une place impor-
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tante, alors que la vie familiale est souvent perçue comme une aventure
avec péripéties et non comme une institution avec des règles. Aujourd'hui le
désir d'enfant induit l'équation enfant réussi, mais la paternité et la maternité
responsables s'inscrivent dans la liberté que Dieu nous donne de collaborer
à son œuvre créatrice et dans la prise de conscience que l'accueil de l'enfant
n'est pas de l'ordre du faire mais du don à recevoir de l'autre.
Quels appels pour une pastorale familiale ?
Tout au long de la session a été rappelé de diverses manières que la pastorale
familiale déborde largement la préparation et la célébration du
mariage. Dans la conclusion du travail, Mgr Saint-Macary a synthétisé les
appels perçus. .
C'est toute la vie familiale qui doit se laisser éclairer à la lumière de la
Parole de Dieu et de la tradition de l'Église. Les pasteurs ont à en être
conscients et leur mission les invite à accompagner toutes les dimensions
de cette vie familiale qui finalement occupe l'ensemble du champ de la pastorale,
car c'est bien à des familles qu'ils s'adressent le plus souvent. Des
lieux d'écoute ont souvent été demandés par les participants à la session.
C'est vrai qu'il y a toujours à inventer pour prendre en compte la vie familiale,
celle qui marche et celle qui ne marche pas, mais avons-nous suffisamment
pris conscience que de nombreux lieux d'écoute existent déjà, promus
par des mouvements familiaux en rapport avec les structures sociales
ou avec les instances pastorales ?
Il y a aussi à articuler davantage la pastorale familiale avec les autres services
d'Église, la catéchèse, les aumôneries de jeunes, la pastorale de la
santé, les divers mouvements.
Cette pastorale familiale aurait aussi à s'ouvrir davantage à des personnes
que nous rencontrons peu ou mal, les chercheurs, les médecins, les
juristes, les assistants sociaux.
Les mouvements familiaux (Amour et Vérité, Vivre et Aimer, AFC....; ont
été peu évoqués au cours de la session peut-être parce que nous les
connaissons mal ou que nous avons des difficultés à entrer en dialogue avec
eux Pourtant ils jouent un rôle souvent obscur mais capital en offrant aux
familles des temps de reprise, de règlement des conflits et surtout d'écoute
et de partage.
Une attention particulière est sans aucun doute à apporter aux cas difficiles.
Comment mettre en place une pastorale des concubins qui ne doivent pas se
sentir étrangers à l'Église mais aussi une pastorale des divorcés-re ma nes ainsi
que cela commence à se réfléchir dans nos diocèses ? Sur cette question des
divorcés-remariés, l'encyclique Familiaris Consortio propose des voies que
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