L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

communauté, que tous refirent ce geste mutuellement, suivi d'une imposition
des mains ; et cela dans un climat de grand recueillement et de simplicité
évangélique.
Le lendemain matin, chemin de croix par petits groupes dispersés dans
l'enceinte des sanctuaires, derrière une grande croix de bois fabriquée et
apportée par chaque communauté. A la dernière station, chacun a reçu une
des sept paroles du Christ en croix, à méditer et à partager avec le premier
venu. Les gestes symboliques tiennent une grande place dans toutes les
rencontres, pour pallier les divers handicaps. Le récit de la Passion, l'aprèsmidi,
fut émaillé de mimes et de chants : rien n'y manquait, pas même le
cocorico du coq du reniement, ce qui déclencha un grand éclat de rires et
d'applaudissements quelque peu incongrus dans ce contexte !...
Le samedi matin, nous étions invités à choisir une démarche de
réconciliation : recevoir le sacrement, écrire «une lettre à Jésus», se baigner
aux piscines, boire à la source, contempler l'un des tableaux vivants mis en
scène dans la prairie. La communauté de Morlaix avait reçu mission de
représenter la parabole du «fils prodigue». Elle l'a fait avec un tel talent que
les spectateurs, pris par l'émotion, venaient spontanément encourager «le
fils» et s'agenouiller devant «le père» !...
Veillée pascale à la basilique Pie X, veillée aussi belle que longue,
illustrée de pittoresques tableaux vivants évoquant la Création, la traversée
de la Mer Rouge, le baptême - spectacle impressionnant de 16 OOO cierges
allumés éclairant la nuit ! - Beaucoup d'images et de bruits, puis longue,
longue homélie d'un cardinal américain de Rome, qui ne savait que
l'anglais (?)...
Le dimanche après-midi, sur l'esplanade, fête de la Résurrection, fête de
l'eau. En costume national, une personne par pays apporte une bouteille
d'eau provenant de son pays. «Venez boire à la Source !», tel était le thème
du pèlerinage. «Écoute en toi la source qui te parle d'aimer... En ton cœur,
elle ravive la tendresse et la beauté». Et voilà toute une foule qui chante
dans toutes les langues, qui joue et qui danse, sous un chaud soleil, au son
de mille «instruments de musique» et d'alléluias multicolores ! Le soir, on
n'omettra pas, bien sûr, la procession aux flambeaux.
Lundi matin, c'est déjà les adieux : sourires, regards attendris, larmes
peut-être. Dernier rassemblement sur l'esplanade pour «l'envoi». On mime
les pèlerins retournant d'Emmaùs à Jérusalem, en vue de partir «jusqu'aux
extrémités de la terre» (le Finistère !) pour annoncer la Bonne
Nouvelle : «Christ est ressuscité ! Venez puiser à la source d'eau vive ; par
delà épreuves, échecs, détresses, c'est la Vie, c'est l'Amour qui a le dernier
mot.» Une dernière ronde enfin où se donne la main un évêque orthodoxe,
246
Archives diocésaines de Quimper et Léon
une pasteure (méthodiste ?), un évêque anglican et un cardinal lituanien en
soutane rouge ï
En marge des grands rassemblements, chacun, chaque famille, chaque
communauté, parents, jeunes, amis, ont vécu leurs propres expériences.
Bien des témoignages feront état du réconfort moral, spirituel, affectif,
trouvé dans telle liturgie, dans la prière personnelle à la grotte, dans telle
présence amicale. «Foi et Lumière, c'est une famille», entend-on dire souvent
à des personnes qui viennent y raviver leur espérance. «Être ressuscité, dit
Jean Vanier, c'est être libérés de nous-mêmes pour suivre Jésus et servir
ceux qu'il nous donne et, à travers eux, rencontrer le Père...»
Louis Jestin
aumônier diocésain
Aù cours de la fête de la Résurrection, dimanche après-midi, les
participants se sont mis à danser de joie. Avec leurs ponchos bleus, ils
symbolisaient les gouttes d'eau dans lesquelles le ciel tout entier se
reflète. «Ce pèlerinage dédramatise le handicap», dit un jeune étudiant
engagé dans une communauté Foi et Lumière de Nantes. «Les
parlementaires qui vont légiférer, cette semaine, en vue de légaliser la
stérilisation des handicapés mentaux devraient passer une journée
avec nous avant de voter», estime-t-il, persuadé que «les témoignages
de vie écartent bien des préjugés».
Parmi les pèlerins, de nombreux parents, sans cacher ou idéaliser
ce qu'ils vivent, ont attesté avec beaucoup de simplicité du bonheur
d'avoir accueilli un enfant handicapé. «Alexis est un enfant soleil, une
véritable source d'enrichissement intérieur pour toute la famille. »
Accueillir la différence, ce fut aussi, pour les participants, vivre la
dimension œcuménique de ce rassemblement. Plus de 300 chrétiens
orthodoxes accompagnaient le cardinal Backis, archevêque catholique
de Vilnius (Lituanie), et un évêque orthodoxe roumain, un évêque
épiscopalien américain et une femme pasteur méthodiste anglaise...
«Le geste fraternel posé par Foi et Lumière à Lourdes prophétise l'unité
des chrétiens», pouvait conclure, dimanche, le cardinal lituanien.
La communauté Sainte-Anne de Morlaix,
dans le bulletin paroissial de Saint-Pol-de-Léon
247