L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon
L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon
L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
I<br />
Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
On est finalement dans un type <strong>de</strong> société où l'indivi<strong>du</strong> se construit dans un<br />
itinéraire fait d'expériences multiples qui, progressivement, peuvent <strong>de</strong>ssiner<br />
les contours d'un engagement dans la cité.<br />
Peut intervenir en particulier pour le chrétien, la notion <strong>de</strong> bien commun en<br />
vue d'une articulation entre le dire <strong>et</strong> le faire. La préoccupation <strong>du</strong> bien commun<br />
est comme un horizon pour la communauté humaine. Ce n'est pas un<br />
objectif à atteindre, une sorte <strong>de</strong> société idéale à bâtir à force <strong>de</strong> volonte, ou<br />
un proj<strong>et</strong> politique élaboré par quelques experts qui sauraient ce qu est une<br />
société juste <strong>et</strong> équitable, une sorte <strong>de</strong> «Royaume <strong>de</strong> Dieu sur terre». Ce bien<br />
commun est plutôt une instance critique qui perm<strong>et</strong> d'évaluer l'organisation -<br />
v compris économique - qu'une société se donne. Le bien commun <strong>de</strong>vient le<br />
critère d'évaluation <strong>de</strong>s politiques... Il peut évoluer en fonction <strong>du</strong> temps <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
exigences <strong>du</strong> moment.<br />
• «Dans» - «L'engagement»<br />
En second lieu le mot «dans» qui renvoie à engagement. Mais aujourd'hui,<br />
il est difficile d'utiliser ce <strong>de</strong>rnier mot. Il a souvent une connotation d'injonction<br />
moralisatrice <strong>et</strong> culpabilisante. «Si je ne m'engage pas, c'est que je ne veux<br />
pas participer à l'évolution <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>». Ce mot est aussi difficile a utiliser dans<br />
un univers qui a appris à se méfier <strong>de</strong>s certitu<strong>de</strong>s idéologiques <strong>et</strong> a prendre<br />
davantage conscience <strong>de</strong> la complexité d'un mon<strong>de</strong> fait d'mterrelations.<br />
Par suite, on se sent d'une part p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> d'autre part fragile, face à la rapidité<br />
<strong>de</strong>s évolutions dont nous sommes témoins.<br />
Tout p<strong>et</strong>it. Que faire, en eff<strong>et</strong>, dans un mon<strong>de</strong> complexe qui va si vite ?<br />
L'attitu<strong>de</strong> raisonnable n'est-elle pas <strong>de</strong> se replier sur soi, d'être indivi<strong>du</strong>aliste 7<br />
«L'indivi<strong>du</strong>alisme, a écrit Tocqueville dans «De la Démocratie en Amérique»,<br />
est un sentiment réfléchi <strong>et</strong> paisible qui dispose chaque citoyen à s'isoler <strong>de</strong> la<br />
masse <strong>de</strong> ses semblables <strong>et</strong> à se r<strong>et</strong>irer à l'écart avec sa famille <strong>et</strong> ses amis,<br />
<strong>de</strong> telle sorte qu'après s'être ainsi créé une p<strong>et</strong>ite société à son usage, il abandonne<br />
volontiers la gran<strong>de</strong> société à elle-même».<br />
Hya indivi<strong>du</strong>alisme <strong>et</strong> indivi<strong>du</strong>alisme. Le mot indivi<strong>du</strong>alisme ainsi<br />
opposé à engagement est perçu négativement. Il y a d'ailleurs une forme d indivi<strong>du</strong>alisme<br />
qui peut travailler les sociétés <strong>et</strong> les con<strong>du</strong>ire à un enfermement<br />
Mais l'indivi<strong>du</strong>alisme est lui-même plus complexe. Tout indivi<strong>du</strong>alisme n est<br />
pas négatif. Il y a aussi ce qu'on appelle un «indivi<strong>du</strong>alisme universel», quantest<br />
reconnu le bien fondé <strong>de</strong>s valeurs collectives. Les sociétés européennes,<br />
par exemple, reposent sur une forte base d'indivi<strong>du</strong>alisme universahste. Si les<br />
Européens apparaissent <strong>de</strong> plus en plus permissifs sur ce qui concerne I in-'vi<strong>du</strong><br />
(en particulier la sexualité), ils manifestent toujours une vive attention ace<br />
qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> construire un «vivre ensemble, en société». Il se développe, e<br />
France par exemple, <strong>de</strong> multiples formes d'engagements humanitaires (aiae<br />
aux mala<strong>de</strong>s, aux exclus, aux habitants <strong>du</strong> Tiers Mon<strong>de</strong>) L'humanitaire<br />
exprime un sursaut face à l'intolérable. Ce sursaut est vécu indivi<strong>du</strong>ellement<br />
e" un eSIdép^r " " ^ ^ ^ e ^ement*ndivi<strong>du</strong>a.isme<br />
Fragile aussi. Les'évolutions sont très rapi<strong>de</strong>s. Le rythme est intense La<br />
question surgit : qu est-ce qui peut être vécu dans la <strong>du</strong>rée ? Ce qui comDte<br />
n'est-ce pas l'instant présent ? Au moins il est là <strong>et</strong> on peut essayer <strong>de</strong> le vivre<br />
le mieux possible. Quant à <strong>de</strong>main, c'est une autre affaire ! Il y a comme une<br />
opposition entre construire un avenir <strong>et</strong> s'en tenir à l'instant.<br />
La génération <strong>de</strong> l'immédiat après-guerre a, elle, connu un avenir prévisible.<br />
Elle disposait <strong>du</strong>n ascenseur social bien sûr. Les parents pouvaient<br />
avoir I assurance que leurs enfants, dans la mesure où ils feraient <strong>de</strong> bonnes<br />
<strong>et</strong>u<strong>de</strong>s auraient une situation sociale meilleure que la leur. Depuis quelaue<br />
temps I ascenseur social est en panne. Pour prendre l'une ou l'autre «fusée»<br />
disponible, il faut se déci<strong>de</strong>r très vite. Dans c<strong>et</strong>te optique, l'instant revêt une<br />
gran<strong>de</strong> importance : un instant à vivre intensément, parce qu'il est finalement<br />
la seule chose dont nous pouvons être à peu près sûrs.<br />
Pèse aussi sur l'engagement le poids <strong>de</strong> l'environnement. Il y a un discours<br />
récurrent sur la crise <strong>de</strong> l'engagement. Il fait partie <strong>de</strong>s complaintes <strong>de</strong>s militants<br />
<strong>du</strong> temps jadis. Ce discours est à bien <strong>de</strong>s égards injuste : l'engagement<br />
existe, mais il prend d'autres formes qu'autrefois. De nouveaux accents le marquent<br />
: moins dans la <strong>du</strong>rée, plus dans l'action ponctuelle, avec une revendication<br />
d épanouissement personnel. «Je m'engage, non pas parce que c'est<br />
Dien <strong>de</strong> le faire, mais parce que ça me plaît», fin <strong>du</strong> militantisme sacrificiel une<br />
alternance <strong>de</strong> temps (passer <strong>du</strong> sérieux au festif).<br />
Donc s'interroger sur les formes d'engagement que l'on repère autour <strong>de</strong><br />
soi, se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en quoi c<strong>et</strong>te nouvelle forme <strong>de</strong> militantisme construit une<br />
dimension politique à l'échelle locale, à l'échelle internationale.<br />
• "Hommes <strong>et</strong> femmes»<br />
Hommes <strong>et</strong> femmes. C'est le thème <strong>de</strong> la parité. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la revendica-<br />
«on <strong>de</strong> pouvoirs, il y a la question <strong>du</strong> regard porté sur la vie sociale dans ses<br />
multiples composantes (politique, professionnelle, é<strong>du</strong>cative...). Les sensibilités<br />
masculine <strong>et</strong> féminine diffèrent <strong>et</strong> les «lectures» <strong>de</strong>s situations diffèrent. La<br />
soci<strong>et</strong>é a interêt à être animée par <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes qui lisent difleremment<br />
la réalité, mais déci<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> agissent <strong>de</strong> concert.<br />
• «Viepolitique» : les enjeux <strong>du</strong>ne redéfinition<br />
La question est <strong>de</strong> savoir comment les élus <strong>et</strong> leurs mandants peuvent par-<br />
TO nir a bâtir une vie politique locale fécon<strong>de</strong>.<br />
282 283