L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

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de beaucoup de points positifs, il faut en relever d'autres, très négatifs : la crise
de l'agriculture bretonne, la marginalisation et l'exclusion des petits exploitants,
le chômage, le déracinement culturel, l'accroissement du suicide... Les modes
de vie chrétienne séculaires sont rudement secoués : malgré la remarquable
«mise à jour» de l'Église que représente le Concile Vatican ll on note une baisse
très sensible, inquiétante, non seulement de la pratique religieuse traditionnelle,
mais même de la transmission de la foi et des «prières de base» aux enfants.
Un paganisme «tranquille» avec quelque chose d'inconscient, est en train de se
mettre en place, à la faveur d'une sécularisation omniprésente et accélérée ; ne
font pas défaut non plus les insinuations, les critiques et les attaques contre
l'Église catholique.
Au-delà de tout ce tableau des réalités visibles, le croyant perçoit par la foi la
permanence et la prééminence des réalités invisibles : Dieu ne change pas, Lui.
Sans s'évader le moins du monde des conditions humaines et matérielles dans
lesquelles il est plongé au même titre exactement que ceux dont il partage le
destin, le croyant place en Dieu son Espérance. C'est par là qu'il rejoint cette
«nuée de témoins» (Hébreux 12, 1) dont le R Maunoir fait partie : ce dernier
conserve sur les cœurs des croyants de notre contrée une influence qui n'est pas
mesurable. Pour le Seigneur Dieu, «un seul jour est comme mille ans, et mille ans
comme un jour» (2 Pierre, 3, 8). Le corps du Tadmadest resté parmi nous, mais
surtout son esprit. C'est l'esprit de l'Évangile que le Tad mad prêcha à nos pères
il y a 350 ans. C'est pourquoi les pardons du Père Maunoir à Plévin, sa statue
dans plusieurs paroisses, et même dans des familles de la Cornouaille, l'amour
que lui portent les croyants qui le connaissent, les pèlerinages individuels à Plévin
qui peuvent amorcer des démarches de conversion, tout cela porte la marque de
l'influence toujours vivante que les 42 années d'apostolat du Père Maunoir et ses
439 missions ont laissé dans la mémoire chrétienne de notre terroir. Rien de tout
cela ne peut mourir ni s'effacer car, avec celui de Maunoir, le nom de ceux qui ont
confiance en lui «est inscrit dans les cieux» (Luc 10, 20). «Un saint vaut mieux
que dix mille jésuites», disait le P. Pedro Arrupe, qui fut «général» de la
Compagnie de Jésus, il y a quelques années.
Avec le bienheureux Julien Maunoir, nous avons au ciel un saint authentique
(malgré l'absence de canonisation) : il est, avec sainte Anne, saint Yves, et tous
nos saints bretons de la haute époque, avant saint Corentin qu'il aimait tant
l'intercesseur désigné de tous les Bretons qui lui confient leurs demandes pour
qu'il les adresse à Jésus-Christ, le Médiateur unique. Sa vie sainte, exemplaire,
héroïque est un modèle pour les chrétiens de tous les états de vie : prêtres,
religeux, religieuses, diacres, et l'immense foule des hommes et des femmes qui
cherchent Dieu. Sa fidélité le rend puissant sur le cœur de Dieu, lui qui a accepte
de passer toute sa vie de prêtre et de religieux parmi les pauvres et les
analphabètes : ces hommes et ces femmes sont nos ancêtres, et c'est d'eux que
nous avons reçu le plus précieux de tous les héritages, la foi en Dieu, et de savoir
que nous sommes aimés de Lui.
Fanch Morvannou
«Reçois-les dans ton Royaume.., »
M. le chanoine Albert Uguen (1923-2001)
u ?2K f & momél !, B . ? e M - >' abbé Louis Le Roux aux obsèques de
M. Albert Uguen, en l'eglise de Plouider, le 23 avril 2001.
Albert, tu nous as «évangélisés»... par ta vie
de tous les jours, par l'amour des hommes qui
ressortait de tout ton être.
•
Nous avons choisi l'Évangile d'Emmaûs...
Albert a connu le désarroi, la tristesse de ces
deux pelerins d'Emmaûs, dans son corps fragile,
comme trop étroit pour son espril si large, et surtout
son cœur si grand, sa sensibilité toujours en
éveil. Démarche droite, le pas un peu pressé, les
paupières soucieuses, son corps ne suivait pas
., , to ut ce qu'il vivait à l'intérieur. Il a parfois envié
dautres qui, pensait-il, savaient tout faire, pour avoir remplacé une lampe ou
enfonce une pointe.
Albert a connu des moments difficiles dans sa vie de prêtre. Fermer le
-•rand Seminaire a été pour lui une épreuve bien douloureuse Quitter les
communautés, les équipes auxquelles il s'était entièrement donné. «Je suis
veuf», disait-il, souffrant de ne plus appartenir à une communauté paroissiale
précise. Long chemin de croix de ces derniers mois. Voici ce qu'il écrivait
VOICI bientôt trois ans. «Je vis une tranche importante de ma vie. Mais plus
que jamais, je dois la vivre comme un pauvre parmi les pauvres. L'essentiel
est pour moi de vivre en paix avec mon chapelet ; les psaumes, où quelques
versets me retiennent, où je me sens un peu en communion avec l'Éqlise et
o- je sens la communion des Saints.».
Que de peines partagées. Que de confidences lourdes à porter. Il n'est
jamais passe auprès d'une souffrance sans y prendre sa part, conscient de
wi propre fragilité, de ses faiblesses : «Uguen, tu as encore manqué de Chafne»,
disait-il.
Si la manière de vivre d'Albert nous a évangélisés, sa parole, ses écrits
commentaires, homélies nous ont fait découvrir que l'Évangile est Bonne
Dmrh P ° Ur cnacun aujourd'hui. Avec lui, l'Évangile devenait si simple, si
cha f! Vrai ' si chaleure ux. on aurait dit que chaque verset était écrit pour
acun d entre nous, et cela non sans un brin de malice.
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