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L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

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Autorité dans l'Eglise <strong>et</strong> autorité <strong>de</strong> l'Église<br />

dans une société démocratique<br />

La soutenance <strong>de</strong> thèse <strong>de</strong> Jean-Yves Baziou<br />

Dans son numéro <strong>du</strong> 11 janvier <strong>de</strong>rnier, «<strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong>» a déjà signalé<br />

la soutenance <strong>de</strong> thèse <strong>de</strong> Jean-Yves Baziou à la faculté <strong>de</strong> théologie <strong>de</strong> l'Institut<br />

Catholique <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> à l'université <strong>de</strong> Paris IV Sorbonne. Son titre : Autorité<br />

dans l'Eglise <strong>et</strong> autorité <strong>de</strong> l'Église dans une société démocratique.<br />

Le mandat <strong>de</strong> l'Action Catholique : un exemple <strong>de</strong> révolution <strong>de</strong>s rapports<br />

d'autorité jusqu'en 1975».<br />

Résumer la thèse <strong>de</strong> Jean-Yves alors qu'elle compte près <strong>de</strong> 1 OOO pages<br />

écrites dans un style très <strong>de</strong>nse relève <strong>de</strong> la véritable gageure.<br />

I*Approches théoriques<br />

Elle comporte <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s parties : l'une plus philosophique <strong>et</strong> théologique,<br />

la secon<strong>de</strong> plus historique. La première se propose <strong>de</strong> répondre à la<br />

question : «Quelle affinité peut-il exister entre une tradition qui se tient sous<br />

l'autorité <strong>de</strong> Dieu <strong>et</strong> une société qui s'institue sous l'autorité <strong>de</strong>s hommes ?»<br />

Pour y répondre, Jean-Yves Baziou commence par analyser le concept<br />

d'autorité dans l'antiquité à Rome. Puis, il étudie longuement la notion chrétienne<br />

d'autorité, en partant <strong>de</strong> l'Ancien Testament, pour aboutir à l'autorité <strong>du</strong><br />

Christ <strong>et</strong> à celle <strong>de</strong> l'Église. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière se comprend sous l'autorité<br />

<strong>du</strong> Dieu Trinitaire, Père, Fils <strong>et</strong> Esprit. Et nous trouvons <strong>de</strong> belles pages sur<br />

l'Eglise «peuple <strong>de</strong> Dieu», «Corps <strong>du</strong> Christ», «Temple <strong>de</strong> l'Esprit», avec une<br />

analyse <strong>de</strong> la manière dont chacune <strong>de</strong> ces figures engendre «un type d'autonte<br />

tant à l'intérieur <strong>de</strong> l'Église elle-même que dans le rapport <strong>de</strong> celle-ci<br />

aux autres».<br />

A partir <strong>de</strong> là, se trouvent dégagés trois «modèles types» d'autorité ou<br />

trois «types idéaux» pour reprendre le langage <strong>de</strong> Max Weber : «le monothéisme<br />

monarchique», le «monothéisme différencié» <strong>et</strong> «l'unité différenciée»,<br />

Et c'est là sans doute l'aspect le plus novateur <strong>de</strong> toute c<strong>et</strong>te premiere<br />

partie. Ces modèles correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> concevoir Dieu<br />

<strong>et</strong> ils perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> comprendre le fonctionnement <strong>de</strong> l'autorité dans l'Éqlise<br />

<strong>et</strong> aussi dans la société.<br />

Comment les préciser ? Tout d'abord si on parle <strong>de</strong> monothéisme cela<br />

implique que l'autorité <strong>de</strong> Dieu est bien le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s institutions <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

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Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

cohésion sociale. Si on y ajoute «monarchique», c'est juste pour m<strong>et</strong>tre l'accent<br />

sur l'unicité en matière d'autorité (le Pape pour le pouvoir spirituel, le<br />

prince pour le pouvoir politique, lui-même subordonné au pouvoir religieux). Et<br />

au pouvoir d'un seul va correspondre un mo<strong>de</strong> unitaire <strong>du</strong> «vivre ensemble».<br />

Le «monothéisme différencié» va prendre davantage appui sur la «différence»<br />

inscrite dans l'être trinitaire même <strong>de</strong> Dieu, Père, Fils <strong>et</strong> Esprit.<br />

C<strong>et</strong>te différence entre les trois personnes divines ne diminue en rien l'unicité<br />

<strong>de</strong> Dieu <strong>et</strong>, à partir <strong>de</strong> là, on peut m<strong>et</strong>tre en place une conception plurielle <strong>de</strong><br />

la vie ecclésiale <strong>et</strong> sociale pour aboutir à une différenciation <strong>de</strong>s autorités,<br />

l'une temporelle <strong>et</strong> l'autre spirituelle. Saint Augustin va développer c<strong>et</strong> aspect<br />

dans sa théorie <strong>de</strong>s ceux cités, celle <strong>de</strong> la terre <strong>et</strong> celle <strong>du</strong> ciel.<br />

Le troisième modèle, «l'unité différenciée» s'appuie sur une interprétation<br />

relationnelle <strong>de</strong> la Trinité. L'unicité <strong>de</strong> Dieu laisse sauves les différences<br />

entre les personnes. L'unité bien comprise ne va pas à l'encontre <strong>de</strong> l'acceptation<br />

<strong>de</strong>s différences. Et c'est à partir <strong>de</strong> ce modèle que Jean-Yves va faire<br />

l'analyse <strong>de</strong> la démocratie.<br />

La société démocratique n'est jamais une société unifiée ; ce qui nous<br />

divise <strong>et</strong> aussi ce qui nous relie. La démocratie est une société qui institutionnalise<br />

le débat. Il y a une «analogie <strong>de</strong> structure» entre foi chrétienne <strong>et</strong><br />

démocratie.<br />

Une affirmation importante qui montre bien que notre foi a un impact existentiel,<br />

social. S'inscrire sous l'autorité <strong>de</strong> Dieu se tra<strong>du</strong>it dans une pratique<br />

sociale. La foi ne peut pas se vivre uniquement dans le registre <strong>du</strong> privé. La<br />

thèse <strong>de</strong> Jean-Yves Baziou renouvelle les perspectives <strong>de</strong> la «théologie politique»<br />

telles qu'elles ont pu être développées, par exemple, par Jean-Baptiste<br />

M<strong>et</strong>z ou Moltmann. Il en souligne toute la portée dans son intro<strong>du</strong>ction.<br />

Le modèle <strong>de</strong> «l'unité différenciée» perm<strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> mieux comprendre les<br />

dérives possibles <strong>de</strong> la démocratie. Si l'on m<strong>et</strong> l'accent sur l'unité, on risque<br />

<strong>de</strong> tomber dans les différentes formes d'autoritarisme ou encore la pensée<br />

unique, la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> socio-politique à l'économique. Mais, en sens inverse,<br />

on peut exacerber les différences, ce qui a pour eff<strong>et</strong> d'enfermer les personnes<br />

dans leurs frontières. Il s'agit <strong>de</strong> trouver un équilibre entre cohésion<br />

<strong>et</strong> différenciation à l'intérieur d'une même société.<br />

C'est à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong> équilibre que l'on peut se poser la question <strong>du</strong> rapport<br />

<strong>du</strong> catholicisme à la démocratie. Autrement dit, comment peut-on dans une<br />

démocratie articuler <strong>de</strong>ux sources d'autorité : celle <strong>de</strong> Dieu <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s<br />

hommes : «Tenir à l'autorité <strong>de</strong> Dieu a-t-elle une pertinence non seulement<br />

pour <strong>de</strong>s croyants, mais dans <strong>et</strong> pour une démocratie ?»<br />

Pour y répondre, Jean-Yves Baziou abor<strong>de</strong> d'abord la pensée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

théologiens : Karl Barth <strong>et</strong> Hans Urs Von Balthasar. Le premier cherche avant<br />

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