07.07.2013 Views

L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

il était porteur avait une dimension politique. Il a lui-même fait <strong>de</strong>s démarches<br />

<strong>de</strong> réintégration <strong>de</strong>s exclus, <strong>de</strong>s lépreux, <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s dans la société, redonnant<br />

ainsi son équilibre à c<strong>et</strong>te société. Donc une œuvre <strong>de</strong> justice à dimension<br />

politique. Jésus a insisté sur le fait que tous appartiennent à une même société.<br />

Mais l'ordre qu'il restaure est nouveau parce qu'il m<strong>et</strong> en relief une autre<br />

dimension <strong>de</strong> l'homme : sa qualité d'enfant <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong>mandant que nous instaurions<br />

entre nous <strong>de</strong>s relations conformes à ce que nous sommes. La source<br />

<strong>de</strong> l'engagement politique pour un chrétien se trouve dans son acceptation<br />

d'accueillir le Règne <strong>de</strong> Dieu qui vient pour accompagner son avènement, en<br />

travaillant au rétablissement <strong>de</strong> la pleine dignité <strong>de</strong> fils <strong>et</strong> <strong>de</strong> fille <strong>de</strong> Dieu.<br />

• Un enseignement social<br />

L'Église catholique, a aussi expliqué le Père Kerhuel, a tout un enseignement<br />

sur les rapports entre le temporel <strong>et</strong> le spirituel, entre la vie <strong>et</strong> la foi. Le<br />

concile Vatican ll (n° 43, paragraphe 1 ) redit aux chrétiens qu'ils sont membres<br />

<strong>de</strong> l'une <strong>et</strong> l'autre cité <strong>et</strong> que «se trompent ceux qui croient pouvoir se livrer<br />

entièrement à <strong>de</strong>s activités terrestres en agissant comme si elles étaient tout<br />

à fait étrangères à leur vie religieuse», L'Église d'ailleurs tient en gran<strong>de</strong><br />

estime l'engagement politique au service <strong>de</strong> tous, Pie Xl a dit qu'il y a là un<br />

somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> la charité <strong>et</strong> que les chrétiens ne peuvent pas se contenter <strong>de</strong><br />

regar<strong>de</strong>r le train passer. Ils ont le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> participer d'une façon ou d'une<br />

autre à la vie <strong>de</strong> la cité. L'épiscopat français a souvent aussi insisté sur l'importance<br />

<strong>de</strong> l'engagement politique en soulignant ia légitimité <strong>de</strong> la pluralité <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong> engagement pour les chrétiens.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier, qu'il soit <strong>de</strong> droite ou <strong>de</strong> gauche, a cependant une position particulière.<br />

Il est habité par «autre chose», par le souci <strong>du</strong> Règne <strong>de</strong> Dieu qui<br />

vient. Les chrétiens sont <strong>de</strong> l'une <strong>et</strong> l'autre cité. Il ne peut être question pour<br />

eux <strong>de</strong> créer une «théocratie», d'établir le Royaume <strong>de</strong> Dieu sur terre. Ce<br />

Règne ne se fabrique pas. Il se reçoit dans une attente active, exige que l'on<br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : «que faisons-nous pour m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s mesures qui respectent<br />

la dignité <strong>de</strong> l'être humain ?» Le chrétien en politique ne peut pas tout<br />

accepter. Il est appelé au discernement, à la vigilance par rapport à certaines<br />

dispositions législatives. Les critères <strong>de</strong> discernement s'imposent à lui : par<br />

exemple, le souci <strong>de</strong>s plus pauvres, le rej<strong>et</strong> <strong>de</strong> la domination <strong>de</strong> l'argent, le<br />

refus <strong>du</strong> pouvoir pour le pouvoir, le respect <strong>de</strong> l'immigré.<br />

Il lui faut échapper à un certain nombre <strong>de</strong> risques : le risque <strong>du</strong> surplomb<br />

par rapport aux évolutions <strong>de</strong> la société en ne m<strong>et</strong>tant pas la main à la pâte ;<br />

le risque <strong>de</strong> la récupération idéologique <strong>du</strong> christianisme (justification d'une<br />

option politique en disant «le christianisme, c'est cela») ; le risque <strong>de</strong> s'enfermer<br />

dans un groupe restreint, en gh<strong>et</strong>to. La société actuelle a d'ailleurs tendance<br />

à s'organiser en p<strong>et</strong>its groupes, d'être une mosaïque <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its groupuscules<br />

qui rend le «vivre ensemble» plus difficile.<br />

312<br />

Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

• Des repères, <strong>de</strong>s principes<br />

Sur quoi l'Église m<strong>et</strong>-elle l'accent en matière <strong>de</strong> politique ? A c<strong>et</strong>te question,<br />

le Père Kerhuel a répon<strong>du</strong> <strong>de</strong> la façon suivante : elle donne <strong>de</strong>s repères, elle<br />

propose un enseignement social, une doctrine sociale, dit-on parfois. Elle n'a<br />

oas <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> politique, <strong>de</strong> troisième voie à proposer entre libéraux <strong>et</strong> marxistes.<br />

Son enseignement est fait surtout d'orientations pour l'action. Deux principes<br />

fondamentaux lui sont chers : le principe <strong>de</strong> la solidarité <strong>et</strong> le principe <strong>de</strong> la subsidiarité<br />

Au nom <strong>du</strong> premier, le chrétien refuse le «chacun pour soi», se sent<br />

obliqé <strong>de</strong> promouvoir la dignité <strong>de</strong> tout être humain dans sa dimension d enfant<br />

<strong>de</strong> Dieu Au nom <strong>du</strong> second principe, il s'oppose à tout collectivisme, refuse que<br />

l'État se substitue à la responsabilité <strong>de</strong>s personnes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s communautés intermédiaires.<br />

L'État n'est pas tout. Il n'a pas à tout faire à la place <strong>de</strong>s citoyens.<br />

Le Père Kerhuel a conclu son exposé en disant que le chrétien engagé en politique<br />

a quelque chose à vivre <strong>de</strong> l'attente active <strong>du</strong> Règne <strong>de</strong> Dieu, là ou il est.<br />

* Des idées importantes<br />

Les débats en séance plénière <strong>et</strong> les carrefours ont permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en<br />

relief les idées suivantes :<br />

- Le message évangélique relance sans cesse, appelle sans cesse, à promouvoir<br />

la dignité d'enfant <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> tout être humain. Ce n'est pas une troisième<br />

voie. C'est un ferment à m<strong>et</strong>tre sans cesse en œuvre.<br />

- Un chrétien peut être <strong>de</strong> droite ou <strong>de</strong> gauche. Il n'est jamais à 100 % d'accord<br />

avec les idées d'un parti.<br />

- Le pouvoir est à rechercher non pour sa satisfaction personnelle, mais<br />

pour faire avancer les choses.<br />

- Le souci <strong>du</strong> pauvre est incontournable. Le chrétien a le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> corriger<br />

les inégalités.<br />

- ll n'est pas bon <strong>de</strong> trop agir en fonction d'une future réélection. On n est<br />

pas propriétaire d'un mandat.<br />

- ll faut être à l'écoute <strong>de</strong> tous les citoyens, <strong>de</strong> quelque bord qu'ils soient.<br />

- Il v a les principes <strong>et</strong> il y a la réalité. Tout engagé politique est acculé à<br />

avancer sur une ligne <strong>de</strong> crête entre éthique <strong>de</strong> conviction <strong>et</strong> éthique <strong>de</strong> responsabilité,<br />

selon la distinction <strong>de</strong> Max Weber.<br />

- Il est dommage qu'il n'y ait pas assez <strong>de</strong> débats avant les prises <strong>de</strong> décision.<br />

Celles-ci <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> temps.<br />

- Les techniciens ne doivent pas se substituer aux politiques.<br />

- Faut-il vouloir le pouvoir ? Jusqu'à quel point <strong>et</strong> par quelsmoyens? Le<br />

respect <strong>de</strong> l'adversaire s'impose. L'homme tolérant est homme <strong>de</strong> conviction.<br />

Jean Tromeur.<br />

313

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!