L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

2 - Des questions à partager avec vous
2 1 La première concerne la mission de l'Église et s'enracine dans les
recherches actuelles de l'Église de France sur «Proposer la foi dans la
société actuelle» (Lettre aux catholiques de France - Lourdes 96).
Votre expérience vous qualifie pour apporter votre contribution aux
recherches sur la proposition de la foi, sur les façons de dire Dieu, en
paroles et en actes, qui puissent être reçues comme Bonne Nouvelle.
En lisant votre texte, nous avons relevé un point à approfondir. Nous
croyons en un salut offert gratuitement par Dieu à tous les hommes. Nous
tenons aussi à ce que ce salut soit annoncé et signifié pour être accueilli
consciemment. Comment mieux articuler ces deux affirmations de notre
foi ? Cette question apparaît notamment à travers l'emploi du mot peuple
dans votre document, dont vous notez vous-mêmes la difficulté.
En effet, l'utilisation de ce terme est pratique mais demeure ambiguë. Au
plan sociologique, le mot ouvrier recouvre des situations bien diverses. La
conscience d'appartenir à ce monde, de se reconnaître dans son histoire, ne
se vit pas de la même façon pour tous. Le monde ouvrier a connu des évolutions
socioculturelles importantes. Le terme peuple peut recouvrir ces différences
sans permettre de prendre en compte les déplacements. Au plan
théologique, le mot risque de laisser croire à un passage immédiat du
peuple ouvrier au peuple de Dieu. Il convient de préciser comment se fait le
passage dun peuple à l'autre, au prix de quelles conversions et par quelles
médiations.
2.2 Notre seconde question porte sur la fondation de communautés chrétiennes.
Vous avez écrit : «Nous ne perdons pas de vue, quelles qu'en soient
les difficultés, que notre responsabilité va jusqu'à la fondation et au soutien
de petites communautés chrétiennes bien insérées en monde ouvrier».
Aujourd'hui les différents partenaires de la Mission ouvrière portent le souci
de multiplier des lieux d'accueil, d'invitation, d'initiation, en particulier avec
l'expérience des missions ouvrières locales.
Nous voulons soutenir ces efforts, dans lesquels beaucoup d'entre nous
tiennent leur place.
Nous avons besoin de vous pour que ces réalisations se développent et
portent du fruit. Pour qu'en particulier, elles puissent rejoindre des publics
divers : ceux qui sont au travail, ceux qui ont des engagements militants dont
certains de vos camarades, mais aussi ceux qui, exclus du travail, vivent des
situations difficiles dans les quartiers où vous habitez.
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2.3 La dernière question porte sur la double solidarité que vous tenez à
vivre avec la classe ouvrière et avec l'Église. Nous percevons ce qu'elle peut
vous coûter à certaines heures.
De la même manière que Vous dénoncez ce qui va mal dans la société
vous n'hésitez pas à réagir contre ce qui vous apparaît des manques de l'Église
par rapport à sa mission. Nous accueillons et prenons en compte vos
appels. En même temps, nous souhaitons que votre regard sur l'Église
demeure fraternel et que vous demeuriez en communion avec les multiples
efforts d'évangélisation de vos Églises diocésaines.
Nous souhaiterions poursuivre l'échange avec vous sur votre document
sur le ministère des prêtres-ouvriers. La relecture de votre histoire appelle un
débat sur celle-ci et votre place aujourd'hui dans la mission en monde
ouvrier.
3 - Des préoccupations pour Vavenir
3.1 Travailler à une Église de proximité.
Nous voulons continuer à travailler pour que l'Église se présente davantage
comme compagne d'humanité, active dans les lieux de fracture sociale
notamment les cités et les banlieues ouvrières, dans les lieux de résistance et
les nouvelles formes de militance.
Pour que l'Église vive cette mission, elle a besoin d'une pluralité d'acteurs.
C'est dans la diversité des ministères et des responsabilités qu'elle apparaît
dans sa réalité. Nous voulons continuer à appeler et susciter ces acteurs dont
des prêtres, y compris des prêtres-ouvriers, des prêtres au travail professionnel.
Mais aussi ces acteurs plus nouveaux, que sont les laïcs en charge ecclésiale
et les diacres. Nous commençons à percevoir les fruits du diaconat en
monde ouvrier, même si la réalité est encore petite et nous sommes témoins
de la fierté des travailleurs, souvent étrangers à l'Église, quand l'un des leurs
est appelé et ordonné. Nous voyons comment des diacres sont un stimulant
pour que la Mission ouvrière soit davantage ouverte et proposante, au service
de la vie et de la rencontre de Jésus-Christ». Nous avons à accueillir et à dévetopper
le diaconat, non pour remplacer les prêtres mais pour enrichir notre
Eglise d'une nouvelle figure du ministère ordonné.
Nous disons cela en étant lucides sur la pauvreté de nos moyens et le petit
nombre de prêtres. Nous pensons que nous aurions intérêt dans nos diocèses
a choisir ensemble quelques projets réalistes, à partir de réalités que nous
voulons privilégier : tel site d'entreprises, telle catégorie de travailleurs, tel
quartier ou cité... C'est au service de projets précis qu'il sera plus facile d'appeler
différents acteurs.
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