07.07.2013 Views

L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

domination s'étend aux in<strong>du</strong>stries<br />

transformatrices qu'elles contrôlent<br />

en leur imposant leurs normes <strong>et</strong><br />

leurs prix, sans oublier que pour bon<br />

nombre <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its agricoles les<br />

normes <strong>et</strong> les prix sont fixés au<br />

niveau <strong>de</strong> l'Union Européenne.<br />

La crise <strong>de</strong> l'agriculture ne peut se<br />

comprendre sans tenir compte <strong>de</strong><br />

toutes les pressions exercées sur les<br />

agriculteurs tant dans leurs chaînes<br />

<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctions agricoles que par les<br />

intermédiaires (entreprises agroalimentaires,<br />

centrales d'achats,<br />

gran<strong>de</strong>s surfaces ...}. Mais c<strong>et</strong>te<br />

dépendance est d'autant plus problématique<br />

que les lobbies agricoles<br />

eux-même y ont contribué en privilégiant<br />

<strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> profit.<br />

Dans le cadre européen <strong>de</strong> la<br />

La PAC (Politique Agricole Commune),<br />

l'un <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la construction<br />

européenne, a été conçue à l'origine<br />

pour assurer la sécurité quantitative alimentaire<br />

<strong>de</strong>s Européens. Elle a ren<strong>du</strong><br />

possible la suppression presque complète<br />

<strong>de</strong> la faim <strong>et</strong> <strong>de</strong> la sous-alimentation<br />

dans l'Union Européenne. Elle a<br />

également permis à un nombre non<br />

négligeable d'exploitants agricoles <strong>et</strong> à<br />

leurs familles <strong>de</strong> bénéficier d'un revenu<br />

décent<br />

Mais <strong>de</strong>puis plusieurs années, elle<br />

est remise en cause en raison <strong>de</strong> son<br />

coût (près <strong>de</strong> la moitié <strong>du</strong> budg<strong>et</strong><br />

européen), <strong>de</strong> son insuffisante limitation<br />

<strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions <strong>et</strong> d'une concentration<br />

très inégalitaire <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s<br />

publiques (80 % <strong>de</strong> ces ai<strong>de</strong>s vont à<br />

20 % <strong>de</strong>s exploitations). D'ailleurs, <strong>du</strong><br />

fait <strong>de</strong> l'élargissement à l'Est <strong>de</strong><br />

480<br />

l'Union Européenne, il <strong>de</strong>vient impossible<br />

<strong>de</strong> maintenir le niveau actuel<br />

<strong>de</strong>s subventions agricoles,<br />

Dans une concurrence internationale<br />

très vive<br />

En outre, la France <strong>et</strong> l'Union Européenne<br />

ont fait <strong>de</strong>s exportations agricoles<br />

subventionnées un maillon<br />

important <strong>de</strong> leur balance commerciale<br />

<strong>et</strong> un moyen <strong>de</strong> résorber leurs<br />

surplus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction. Ainsi, actuellement<br />

l'agriculture française <strong>et</strong> européenne<br />

est engagée dans une lutte<br />

avec les USA pour la conquête <strong>et</strong> la<br />

maîtrise <strong>de</strong>s marchés mondiaux, le<br />

contrôle <strong>de</strong> l'arme stratégique alimentaire,<br />

<strong>de</strong> même que dans d'autres<br />

secteurs <strong>de</strong> l'économie comme le<br />

pétrole ou les richesses <strong>du</strong> sous-sol.<br />

Ce sont les pays <strong>du</strong> Sud qui font<br />

d'abord les frais <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lutte internationale.<br />

Les exportations <strong>de</strong>s surplus<br />

<strong>de</strong>s pays riches concurrencent gravement<br />

leurs cultures vivrières <strong>et</strong> le<br />

développement agricole, déjà très<br />

fragile, <strong>de</strong>s pays pauvres. Et la<br />

course actuelle aux brev<strong>et</strong>s sur les<br />

semences génétiquement modifiées,<br />

qui pourraient soit-disant ré<strong>du</strong>ire la<br />

malnutrition, ne fait qu'accentuer la<br />

domination <strong>du</strong> Nord. Ne <strong>de</strong>vrait-on<br />

pas honorer le droit pour chaque<br />

peuple à pro<strong>du</strong>ire lui-même , sur<br />

sa propre terre, ce dont il a besoin<br />

pour se nourrir <strong>et</strong> se développer ?<br />

Un pro<strong>du</strong>ctivisme massivement<br />

consenti<br />

Les causes profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te situation<br />

fondamentalement injuste sont à<br />

chercher dans l'économie <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction<br />

à outrance, par la recherche<br />

<strong>du</strong> «toujours plus», au détriment <strong>de</strong><br />

Archives diocésaines! <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

'environnement, <strong>de</strong> la sécurité alimentaire,<br />

<strong>de</strong> l'aménagement <strong>de</strong> l'espace<br />

<strong>et</strong> <strong>du</strong> respect <strong>du</strong> vivant.<br />

Ainsi, l'extension <strong>de</strong>s épidémies <strong>de</strong> la<br />

«vache folle» <strong>et</strong> <strong>de</strong> la fièvre aphteuse<br />

s'explique par <strong>de</strong>s causes bien précises.<br />

Autour <strong>de</strong>s farines animales, il<br />

y a eu <strong>de</strong>s dissimulations, <strong>de</strong>s<br />

frau<strong>de</strong>s caractérisées <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fabrications<br />

non conformes â la réglementation.<br />

Le traitement thermique insuffisant<br />

<strong>de</strong>s carcasses animales pour<br />

leur transformation en farines <strong>et</strong> leur<br />

administration aux autres animaux a<br />

probablement contribué à l'extension<br />

<strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> la vache folle.<br />

Les dérégulations, intervenues dans<br />

certains pays dans les années 80,<br />

ont entraîné la déliquescence <strong>de</strong>s<br />

contrôles vétérinaires <strong>et</strong> <strong>de</strong> tout le<br />

dispositif sanitaire dans le domaine<br />

agricole <strong>et</strong> alimentaire, ainsi que la<br />

renonciation à la vaccination contre la<br />

fièvre aphteuse dans les années<br />

1990. N'avons-nous pas à tirer collectivement<br />

les leçons <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

logique pro<strong>du</strong>ctiviste <strong>et</strong> mercantile ?<br />

Comme le constate un agriculteur :<br />

« Chacun, au travers <strong>de</strong> son propre<br />

acte d'achat, a une part <strong>de</strong> responsabilités<br />

dans l'orientation <strong>de</strong><br />

l'économie actuelle. On ne peut pas<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux éleveurs à ta fois d'entr<strong>et</strong>enir<br />

lé territoire, ies chemins, le<br />

paysage, <strong>de</strong> faire vivre ies villages,<br />

d'être accueillants, <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong><br />

façon extensive <strong>et</strong> en même temps<br />

ach<strong>et</strong>er toujours moins cher sa<br />

vian<strong>de</strong> au supermarché, en abandonnant<br />

la p<strong>et</strong>ite bouchère <strong>du</strong> coin».<br />

Ce développement irraisonné basé<br />

sur une course effrénée au plus<br />

gros, au plus vite, au moins cher<br />

n'est pas l'apanage <strong>de</strong> la seule agriculture,<br />

il l'est aussi <strong>de</strong> l'in<strong>du</strong>strie <strong>et</strong><br />

maintenant <strong>de</strong>s services. Il interroge<br />

l'ensemble <strong>de</strong> nos rapports économiques<br />

<strong>et</strong> l'organisation <strong>de</strong> notre<br />

société. Les transformations <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong> agricole ne peuvent donc être<br />

renvoyées à la seule responsabilité<br />

<strong>de</strong>s agriculteurs, même si certains<br />

d'entre eux ont été <strong>de</strong>s fervents<br />

défenseurs <strong>de</strong> ce système. C'est la<br />

société dans sa globalité qui est invitée<br />

à poser <strong>de</strong> nouveaux fon<strong>de</strong>ments<br />

à un développement <strong>du</strong>rable.<br />

Ill - QUELQUES PISTES D'ACTION A APPROFONDIR<br />

A- Travailler à une meilleure<br />

cohésion sociale :<br />

Nous avons d'abord à mieux comprendre<br />

la situation <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> agricole<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s agriculteurs d'aujourd'hui.<br />

Reconnaissons qu'il y a, à ce suj<strong>et</strong>,<br />

une incompréhension <strong>et</strong> une ignorance<br />

largement répan<strong>du</strong>es. S'informer,<br />

s'écouter, dialoguer est indispensable<br />

afin <strong>de</strong> ne pas cé<strong>de</strong>r aux<br />

mouvements <strong>de</strong> panique souvent alimentés<br />

par les rumeurs <strong>et</strong> les<br />

médias. Ainsi, nous travaillerons à<br />

une meilleure cohésion sociale, indispensable<br />

pour le «vivre ensemble».<br />

Nous avons également à nous montrer<br />

solidaires car la crise agricole ne<br />

concerne pas que les agriculteurs. Il<br />

ne suffit pas <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> solidarité. Il<br />

faut la vivre. Notre participation, si<br />

481

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!