L'ÉGLISE FINISTÈRE - Diocèse de Quimper et du Léon

La semaine de prière pour l'unité des chrétiens s'est déroulée,
comme chaque année, du 18 au 25 janvier. Au cours de cette
semaine, le sroupe oecuménique de Quimper a fait appel au Père
Laurent Villemin, prêtre du diocèse de Verdun, ecclésiologue et professeur
à l'Institut Catholique de Paris, pour une conférence qu'il a
donnée à la salle des Halles Saint-François de Quimper La question lui
était posée : «Où va l'œcuménisme ?»
Le conférencier s'est bien gardé de dire de façon précise quel avenir
est réservé au mouvement qui, depuis quelques décennies, se
donne pour tâche de refaire l'unité des chrétiens. Il a surtout présenté
un bilan et dit où nous en sommes aujourd'hui.
Il a d'abord expliqué qu'avant la phase actuelle il y en a eu trois
autres qui, d'ailleurs parfois, ressurgissent.
Trois autres phases
L'unité a d'abord été conçue, par chaque Église, comme une absorption
des autres. C'était le cas de l'Église catholique pour qui l'union des chrétiens
ne pourrait se faire que par le retour à elle des dissidents. L Église orthodoxe
et les Eglises de la Réforme n'échappaient pas non plus à cette vision de la
future unité de l'Église. Elles aussi considéraient qu'elles étaient seules à
détenir la totalité de la vérité.
r La deuxième phase a été initiée par l'abbé Couturier qui demandait aux
Eglises de prier «pour l'unité que le Christ veut, dans le temps et par les
moyens que Dieu voudra». Un œcuménisme nouveau naissait ainsi qui fut
l'occasion de deux importantes prises de conscience : la découverte émerveillée
par chaque Église des richesses des autres, la conviction aussi qu'il y
avait des «murailles» que Dieu seul pourrait faire franchir.
A une certaine époque, on a cependant pensé qu'on pouvait avancer. Ce
fut le temps de «l'unité plurielle». Nous sommes, disait-on, l'Église visiblement
une, mais plurielle dans ses formes visibles. Prenons-nous tels
que nous sommes. Je ne te demande pas de changer, ne me demande
pas non plus de changer. Vivons tranquillement l'unité, dans la diversité,
comme le souhaite Oscar Cullmann». Cette conception ne pouvait
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convenir ni à l'Église catholique ni à l'Église orthodoxe pour qui une certaine
structure visible de communion est nécessaire.
Une quatrième voie
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Voici donc la quatrième voie, celle que suivent aujourd'hui la plupart des
œcuménistes : une conversion évangélique de toutes les Églises, en écoutant
les questions des autres, les questions sérieuses que nous nous posons les
unes aux autres au nom de l'Evangile. Le Père Villemin a longuement décrit
cette conception de l'unité.
La conversion exigée, a-t-il souligné, n'est pas seulement celle des individus,
mais aussi celle des Églises. Chacune d'entre elles est invitée à entrer
dans un dialogue de metanoia, prête à admettre que la Parole de Dieu peut lui
venir à travers ses partenaires de dialogue. Cette conception de l'œcuménisme
s'articule avec ce qu'on appelle «le consensus différencié», c'est-à-dire
un consensus sur la vérité doctrinale fondamentale, mais avec des approches,
des insistances, des expressions confessionnelles différentes.
A ce consensus, on peut arriver à travers des interpellations réciproques.
Si ces interpellations adressées à Tune ou l'autre des Églises sont toutes
convergentes, celle qui est l'objet de ces critiques ne peut pas se dispenser de
réexaminer courageusement son langage et son comportement, même s'il
s'agit de la part imprescriptible de vérité à laquelle elle ne peut pas renoncer.
Pour bien faire comprendre ce processus, le conférencier a pris des
exemples concrets. C'est un fait, par exemple, a-t-il dit, que ta manière dont
s'exerce l'autorité de Rome est critiquée par toutes les autres Églises.
Cette autorité fait pourtant partie de sa part imprescriptible de vérité. Pour
elle, le ministère de l'évêque de Rome est au service de la communion de
toutes les Églises. Ce qui lui est demandé, c'est de purifier Ja manière dont elle
définit cette autorité et entend l'exercer. Dans sa lettre «Ut unum sint», Jean-
Paul ll s'est lui-même déclaré favorable à cette évolution.
Quant aux Églises issues de la Réforme, elles voient mettre en question la
liberté qu'elles ont prise par rapport à un «ministère apostolique», c'est-à-dire
aux successeurs des apôtres. Elles ne sont pas restées insensibles à cette
interpellation.
LÉglise orthodoxe, elle, est invitée à s'interroger sur son rapport au monde
et à l'histoire.
Nous ne sommes pas encore à l'unité visible, a conclu le Père Villemin.
Mais, ies acquis du Mouvement oecuménique contemporain sont nombreux.
Le conférencier en a cité quelques-uns : l'acceptation par toutes les Églises
que la recherche de l'unité ne signifie pas uniformité, que cette unité exige une
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