Les Sept Jours du ta..

étaient vilaines mais avaient épargné les yeux. Il avait l’air vidé.
Mais quand il avait vu Bruno entrer, une certaine énergie lui
était revenue et, reculant le plus possible contre le mur, les
larmes aux yeux, il l’avait supplié de ne plus lui faire de mal.
Bruno avait remonté ses chaînes pour le remettre en
position suspendue, puis s’était contenté d’appliquer sur ses
plaies une crème antibiotique. Non pas pour calmer la douleur,
mais pour empêcher une infection trop dangereuse. Le monstre
s’était laissé faire sans bouger. Soulagé, il s’était tu un moment,
puis avait, recommencé son soliloque, la voix éraillée mais
étonnamment énergique : combien de temps il comptait le
torturer comme ça, ça n’avait pas de sens, il fallait que ça cesse,
il regrettait tout… et il s’était remis à pleurer.
Impassible, Bruno avait remis la table en position
horizontale, avait couché le monstre dessus, l’avait attaché aux
anneaux et lui avait remis le tube de soluté dans le bras.
Il avait envie d’une bière, mais pour changer il prit un verre
de scotch. Rien à faire, il n’aimait vraiment pas ce goût. Il avait
donc vidé la bouteille dans le lavabo et s’était ouvert une bière.
Il avait essayé de lire dehors, sur la galerie, mais il faisait un
peu trop froid. Il s’était installé au salon pour écouter un disque
de musique classique appartenant à Josh.
Il détacha son regard des bois et consulta sa montre : dixsept
heures vingt. En deux heures et demie, il n’avait lu que
cinq pages.
Il n’arrivait pas à chasser de son esprit ces gémissements de
chien. Mais il devait oublier ça et relaxer. La télé, peut-être ? Il
se rappela alors qu’à TVA le téléjournal commençait à dix-sept
heures trente. Il arrêta la musique et alluma la télé, juste à
temps pour le début de l’émission.
À sa grande surprise, on parla de son histoire dès la
troisième manchette :
— Piétinement dans l’affaire Bruno Hamel, ce médecin de
trente-huit ans qui a séquestré l’assassin de sa fille et qui…
Sans divulguer le nom du monstre, on expliqua que la police
n’avait toujours aucune piste et qu’il ne restait que quatre jours
avant le délai fixé par le médecin, délai qui se terminerait par la
mise à mort du prisonnier.
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