Les Sept Jours du ta..

— Tu vois le petit viseur, au bout du canon ? Ta cible doit
être là, right on it. Tu vises, pis tu pèses sur la gâchette.
Bruno visait un carreau, mais l’arme tremblait légèrement
au bout de son bras. Il vit alors un visage apparaître dans la
fenêtre, fantomatique, vaguement familier, aux longs cheveux
blonds et à la barbe irrégulière… Un visage qui lançait un
sourire moqueur, inaltérable… Au bout du bras de Bruno, le
revolver cessa de trembler et le doigt appuya sur la détente. Un
déclic sec retentit.
— You’re a natural, man ! ricana le pimp.
Le colosse lui donna aussi une dizaine de balles. Plaque,
revolver et munitions se retrouvèrent sous le manteau du
médecin.
— Merci, dit-il tout simplement.
Le pimp se contenta de hocher la tête. Sur le point de sortir,
Bruno entendit l’autre l’interpeller et se tourna vers lui.
— I don’t know what’s your intention, man, mais je te
préviens : c’est plus facile qu’on le pense.
Et avec un petit sourire étrange, il prit une bouffée de son
cigare.
De retour à Drummondville, Bruno alla garer la vieille
Chevrolet dans le stationnement d’un centre d’hébergement
pour personnes âgées, celui où sa mère, veuve, habitait depuis
deux ans. Seuls les résidents ou les visiteurs avec permis
pouvaient s’y stationner, mais par expérience il savait que la
police ne vérifiait jamais et qu’on pouvait y laisser sa voiture
sans problème, même la nuit.
Dans le coffre, il laissa le revolver, les munitions et l’achat
qu’il avait fait dans la boutique fétichiste. Il installa ensuite la
nouvelle plaque, puis, à pied, retourna au terminus d’autobus
où l’attendait sa Saturn.
À vingt et une heures quarante, il entra chez lui. Sylvie, au
salon, regardait la télé.
— J’avais une opération urgente à faire ce soir, expliqua-t-il.
— Tu aurais pu m’appeler, dit-elle sur un ton accusateur.
Il ne répliqua rien, le visage neutre. Elle le regarda un
moment d’un air triste et perplexe. Mais Bruno, lui, fixait la télé
car il venait d’y reconnaître Jasmine. Sylvie visionnait une
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