Les Sept Jours du ta..

silhouette sautillante. Elle disparut aussitôt derrière un énorme
tronc, mais le médecin eut le temps d’entrevoir une robe bleue
familière, et une crinière châtaine…
D’un seul bond, il fut à la porte et se retrouva dehors, sans
manteau, insensible au froid. Le ciel était si couvert qu’on se
serait cru en soirée. Le lac gris se confondait presque
totalement avec les nuages bas.
— Jasmine !
Quelque chose n’a-t-il pas bougé, là-bas, dans les bois ? Mais
Bruno n’est pas sûr, le filtre devant ses yeux rend tout
également gris, également plat… Il descend la galerie et
s’enfonce dans la forêt. Ses souliers traînent dans les feuilles
mortes, s’accrochent dans des racines. Il court entre les arbres,
le visage éraflé par les branches, le pas tortueux, ralenti par
l’ivresse et par cette maudite lourdeur qui ne le quitte plus… Ses
yeux fous cherchent la silhouette, cherchent sa fille… Elle est
tout près, il en est sûr, elle n’a pas eu le temps d’aller bien loin…
Une présence dans son dos… Il se retourne et sa respiration
se casse.
À moins de dix mètres devant lui se tient Jasmine. Elle est
partiellement camouflée par les branches, mais il voit sa robe
bleue en lambeaux, ses cheveux désordonnés, ses bras et ses
jambes lacérés… et son visage, son magnifique visage, recouvert
de croûtes brunâtres… Il n’arrive pas à en déchiffrer
l’expression. Douleur ? Indifférence ? Tristesse ? Il est par
contre convaincu qu’elle le regarde, droite et immobile, sa peau
tout humide de la pluie de tout à l’heure…
Non, ce n’est pas de la pluie…
Il se met en marche vers elle, tel un somnambule, lève une
main tremblante.
— Jasmine…
Il croit voir un éclair de tristesse dans ses yeux, un pli de
déception sur son visage ensanglanté… puis, elle fait deux pas
de côté et disparaît derrière un arbre.
— Jasmine !
Il court, se rend à peine compte que l’écho de ses appels est
amplifié de façon démesurée. Il court vers l’arbre derrière
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