Les Sept Jours du ta..

appeler, sentant sûrement elle aussi qu’il y avait peut-être un
élément important dans cette histoire.
— Le soir, lorsqu’il m’a raconté ça, il avait l’air bouleversé
mais aussi… tourmenté. Il était assis au salon, me racontait la
scène pour la dixième fois, et tombait dans la lune de longues
secondes, comme s’il revoyait tout le drame dans sa tête…
Elle réfléchit encore un moment, les doigts sur le menton.
— Je me souviens même de lui avoir demandé ce qui le
tourmentait à ce point. Il m’a dit : Même si ce n’était qu’un
chien, c’était épouvantable, Sylvie… Insoutenable… Mais le
pire, c’est qu’à la place de Denis j’aurais sûrement réagi de la
même façon… Je lui ai dit que cela aurait été tout à fait normal,
tout à fait humain. Il m’a alors répondu très gravement : Je
sais… C’est bien ça qui me terrifie le plus…
Mercure hocha doucement la tête, tandis qu’une lueur
traversait son regard. Des fragments d’images et de sons
rebondissaient dans son crâne, tentant péniblement de former
une idée claire. Sylvie garda le silence, happée par ces souvenirs
qu’elle avait sûrement rangés dans un coin de son cerveau
depuis longtemps. Elle dit enfin d’un ton d’excuse :
— Je suis désolée de ne pas avoir songé à cette histoire plus
tôt, mais franchement elle était sortie de ma mémoire depuis
longtemps et je ne vois pas le rapport avec… Vous pensez que
cela a un lien ?
— Je ne vous importunerai plus, madame Jutras, la coupa
doucement Mercure. Du moins, je l’espère.
— Vous tenez quelque chose, n’est-ce pas ?
— Je n’en sais rien.
Il la remercia de nouveau, puis marcha rapidement vers sa
voiture en se protégeant la tête de son manteau relevé. À
l’intérieur, il sortit son calepin et se mit à écrire. Il relut ses
notes, le crayon sur les lèvres, songeur. Il composa ensuite un
numéro sur son cellulaire. Wagner répondit.
— J’arrive dans cinq minutes, fit le sergent-détective.
— T’as trouvé un moyen pour obliger Hamel à nous
rappeler ?
— Peut-être…
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