Les Sept Jours du ta..

— Faire quelques kilomètres pour aller chercher sept mille
dollars, vous appelez ça vous casser le cul ? La plupart des gens
feraient cette distance en rampant sur le ventre pour les avoir.
Le cure-dent cessa de bouger entre les lèvres de Morin, puis
l’assurance sur son visage disparut pour céder la place à la
fébrilité :
— Écoutez, Hamel, j’ai besoin de cet argent, pis vite !
— Je peux vous donner ce qui me reste…
Il prit la petite valise et la lança. Elle atterrit sur le sol
boueux, à un mètre de Morin.
— Ça monte à environ mille dollars.
— Non, non, c’est pas assez ! s’énervait maintenant le
jobbeux.
Bruno secoua la tête. En fait, peut-être que Morin n’avait pas
de dettes. Peut-être avait-il perdu tout son argent au jeu et qu’il
en voulait d’autre pour jouer encore, et encore…
— Où perdez-vous votre argent, Morin ? Au casino ? Aux
courses ? Il y a un hippodrome à Trois-Rivières, si je ne
m’abuse…
— Je comprends pas de quoi vous parlez !
Il s’offusqua avec une telle fausseté que Bruno sut qu’il avait
vu juste. Mais peu importe : il ne pouvait courir le risque de lui
divulguer les cachettes d’avance, c’était aussi simple que ça.
— Désolé, dit-il tout simplement. On continue comme avant.
Un éclair passa dans le regard de Morin.
— Pis si je vous donnais pas le choix ?
— Comment ? En allant prévenir la police ? Allez-y. Mais
aussitôt que j’aperçois l’ombre d’un policier dans le coin, j’abats
mon prisonnier. La police ne retrouvera qu’un cadavre, comme
je l’ai prévu depuis le début. Moi, je me ferai arrêter, mais
comme j’avais l’intention de me rendre lundi, ça ne changera
rien non plus. Non seulement votre dénonciation n’aura servi à
rien, mais en plus vous aurez perdu quatorze mille dollars.
Mais cela ne démonta pas le jobbeux le moins du monde. En
fait, son assurance semblait revenir peu à peu.
— Ce qui serait encore mieux, c’est que j’aille chercher votre
prisonnier pis que je l’amène, lui, chez les flics.
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