Les Sept Jours du ta..

sûr que c’est émotif ! Est ce que ça peut être autre chose que
ça ?
Le silence tomba. Mercure se frotta le front. Il se sentait
tellement, tellement fatigué… Au fond, cette petite scène
mélodramatique, au-delà de son aspect spectaculaire, lui
paraissait terriblement banale. Ce qui se jouait là, c’était le
sempiternel paradoxe de l’homme civilisé. Civilisé mais
toujours, irrémédiablement, fatalement humain.
Boisvert essuya d’un geste furtif ses yeux, mal à l’aise à l’idée
qu’il avait presque pleuré.
— Vous allez me suspendre, c’est ça ?
— Te suspendre ? s’exclama Wagner, revenu de sa stupeur.
Je vais te faire arrêter pour complicité, oui ! Parce que c’est
exactement ça que tu…
— Greg !
C’était Mercure. En une seconde, toute l’attention se déplaça
vers lui. Wagner se demandait s’il devait engueuler son
inspecteur pour cette insolence, mais il était trop surpris pour
réagir. Mercure sembla regretter cette interpellation cavalière,
leva une main en signe d’excuse, puis dit avec lassitude :
— Plus tard…
Ce fut au tour de Wagner de se frotter les yeux, soudain vidé.
Boisvert demanda avec un reste de défi :
— Pis moi ?
Mercure lui jeta un regard non pas méprisant, mais
totalement dénué d’intérêt.
— Rentre chez toi. Va te reposer.
Wagner n’eut même pas la force de protester. Boisvert hésita
une seconde et, enfin, il laissa la fatigue et l’impuissance
transparaître sur son visage, au point qu’il s’affaissa même de
quelques centimètres. Il sortit du poste, sous les regards gênés
des agents présents.
Pendant un très long moment, personne ne dit mot.
Et tout à coup, comme s’il venait de prendre une décision
inébranlable, Mercure marcha vers la sortie. Wagner lui
demanda où il allait.
— Là-bas. Je veux être là quand ils vont l’arrêter. Je veux…
Sans cesser de marcher, il fit un geste vague :
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