Les Sept Jours du ta..

Le médecin donna les vingt-cinq mille dollars restants.
Morin compta plusieurs fois les billets, incrédule. Jamais il
n’avait vu tant d’argent.
— Et à partir de demain, vous vous ferez en plus sept mille
dollars par jour, lui rappela Bruno.
Il expliqua le mode de paiement : chaque jour, il appellerait
le jobbeux, entre neuf heures et dix-huit heures, pour lui dire où
était l’argent. Si le médecin apprenait que Morin avait parlé de
lui à quelqu’un, les appels cesseraient automatiquement et,
donc, les paiements aussi.
— Et si vous parlez, je le saurai bien, croyez-moi.
Morin ne dit rien. Bruno le prévint : il était hors de question
qu’il revienne ici, pour quelque raison que ce soit. Si le médecin
revoyait ne serait-ce que son ombre, l’entente tombait à l’eau.
— Et si vous me mentez ? Si vous ne m’appelez pas demain ?
— Alors, vous viendrez me voir.
— Ou je vous dénonce…
— Me dénoncer de quoi ? En vous demandant de me
construire ces petites installations, je n’ai rien fait de vraiment
illégal…
— Pas encore…
Les deux hommes se regardèrent un bon moment. Le
jobbeux avait vraiment pris de l’assurance et son visage était un
rien goguenard ; celui de Bruno demeurait insondable derrière
son déguisement.
— Ne parlez de cette histoire à personne, monsieur Morin, et
vous vous ferez sept mille dollars quotidiennement pendant
environ deux semaines. Après quoi…
Il haussa les épaules :
— … après quoi, vous ferez ce que vous voudrez.
Il vint pour ajouter : car plus rien n’aura d’importance, mais
il s’en abstint.
Tandis qu’il raccompagnait le jobbeux dehors, Bruno vit
dans le camion un outil qui l’intéressa : une masse avec un long
manche, dont la tête en fonte devait venir à bout des plus
solides pierres. Bruno demanda un prix pour cet instrument.
— Il est pas à vendre, j’en ai besoin.
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