Les Sept Jours du ta..

quelle nuit elle avait passée. Elle était assise dans un fauteuil,
les bras sur les accoudoirs, bien droite, fixant le tapis sans le
voir. Mercure se dit qu’elle devait avoir trente-cinq ans, mais
elle en paraissait dix de plus ce jour-là.
— Un café, inspecteur ? demanda Josée Jutras, assise sur le
divan.
Celle-ci était sûrement plus âgée que sa sœur, même si elle
donnait alors l’impression d’être la cadette des deux.
— Non merci, je ne vais rester que quelques minutes.
Il s’était d’ailleurs assis sans enlever son manteau.
— J’ai écouté les nouvelles hier soir à dix heures, poursuivit
la sœur de Sylvie. Ils ont parlé du délai de sept jours, du fait que
Bruno tuerait le gars lundi et se rendrait ensuite… Ils sont au
courant de tout !
Cela la surprenait, mais pas Mercure. La veille, Sylvie,
atterrée, avait dû appeler quelques personnes pour en parler,
qui elles-mêmes en avaient appelé d’autres, etc. D’ailleurs, ce
matin, des journalistes de Montréal étaient venus interroger
Wagner qui, à contrecœur, avait tout confirmé.
— Vous connaissez quelqu’un à Longueuil ?
Sylvie dit que non. Bruno se cachait donc là ? Mercure lui dit
que c’était loin d’être certain.
— J’aimerais que vous ne mentionniez à personne cette piste
de Longueuil. Si les journalistes en parlaient et que votre
conjoint l’apprenait, cela pourrait le faire paniquer et…
Les deux femmes montrèrent qu’elles comprenaient.
— On a essayé de le rappeler plusieurs fois sur son cellulaire,
ajouta-t-il. Mais il le tient fermé.
— Moi aussi, j’ai essayé de le rappeler… Toute la soirée…
Elle renifla, mais resta droite, les yeux toujours au sol.
Mercure consultait les notes de son calepin.
— Cette allusion qu’il a faite, hier, comme quoi c’était
maintenant lui qui était la victime du chien… Vous avez
compris ce qu’il voulait dire ?
Nouveau « non » silencieux.
— D’ailleurs, lui-même a semblé ne pas se rendre compte
de… de cette image, ajouta Mercure pour remplir ce silence de
plus en plus oppressant.
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