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Les Sept Jours du ta..

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Il se réveilla en sursaut. Pendant un ins<strong>ta</strong>nt, il crut que<br />

c’é<strong>ta</strong>it le soir, <strong>ta</strong>nt l’éclairage de la fenêtre é<strong>ta</strong>it blafard. Mais sa<br />

montre indiquait dix heures <strong>du</strong> matin. Il se leva, se sen<strong>ta</strong>nt<br />

toujours aussi lourd, et écar<strong>ta</strong> les rideaux : il pleuvait encore,<br />

une véri<strong>ta</strong>ble averse cette fois, et le ciel gris-noir annonçait un<br />

orage.<br />

Ce rêve é<strong>ta</strong>it ridicule… Et pour<strong>ta</strong>nt, sa simple évocation lui<br />

donnait la chair de poule. Cet imbécile de Mercure ! Tout ça<br />

é<strong>ta</strong>it de sa faute ! Il devait se débarrasser <strong>du</strong> souvenir de ce<br />

chien qui ne lui appor<strong>ta</strong>it rien de bon !<br />

Il enfila ses vêtements crasseux et alla voir le monstre. Ce<br />

dernier é<strong>ta</strong>it en si pitoyable é<strong>ta</strong>t que Bruno s’empressa de le<br />

rebrancher sur un nouveau soluté. Il changea aussi le bandage<br />

de son œil crevé : l’infection é<strong>ta</strong>it vraiment vilaine. Le monstre<br />

se laissait faire, à moitié inconscient, son souffle irrégulier<br />

pro<strong>du</strong>isant un sifflement sinistre.<br />

Et si Bruno le laissait dépérir ? L’observer mourir<br />

d’épuisement et de souffrance, cela serait une bonne torture,<br />

non ?<br />

Non, ce ne serait pas satisfaisant. Trop passif, alors que le<br />

médecin voulait être actif. La satisfaction ne pouvait naître que<br />

de l’action.<br />

Il alla préparer deux rôties et un jus d’orange. Il nourrit luimême<br />

le monstre, qui avalait péniblement ce qu’on lui glissait<br />

entre les lèvres. À un moment, son œil valide mais éteint se<br />

tourna vers Bruno. Il prononça même quelques mots que le<br />

médecin eut toutes les peines <strong>du</strong> monde à saisir :<br />

— Je suis au paradis, là ?… C’est fini ?…<br />

Comment cette ignoble charogne pouvait-elle espérer<br />

accéder au paradis ? Si un tel endroit exis<strong>ta</strong>it, c’é<strong>ta</strong>it Jasmine<br />

qui s’y trouvait, pas lui ! Jamais, jamais !<br />

Il voulut lui enfoncer les doigts dans l’œil, mais se retint au<br />

dernier moment : pas de nouvelles tortures avant cet aprèsmidi,<br />

sinon il l’achèverait. Il se conten<strong>ta</strong> donc de lui cracher au<br />

visage. Le monstre poussa un faible gémissement et balbutia :<br />

— J’ai expié… J’ai expié…<br />

Bruno recula de quelques pas et contempla un moment son<br />

prisonnier, branché sur le soluté. Il ne ressemblait plus<br />

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