Les Sept Jours du ta..

— J’ai l’impression… (Il rétrécit les yeux, songeur.) J’ai
l’impression que lorsque j’ai parlé à Hamel de l’histoire du
chien, hier, je l’ai ébranlé. Au point qu’il a fait un premier geste
non prévu : il a appelé un journaliste pour lui parler des autres
victimes de Lemaire. Comme s’il avait besoin tout à coup de
justifier tout ça, de se justifier lui-même. Je crois qu’une sorte
de réaction en chaîne s’est mise en branle. J’ai voulu ajouter un
maillon à cette chaîne en demandant à Diane Masson de parler
à la télé ; je savais que ça ne plairait pas à Hamel…
— C’est ça que tu veux dire, quand tu parles de son
déraillement… Tu penses qu’il a commencé à dérailler du
chemin qu’il s’était fixé ?
— Je pense, oui.
— Au point de tout abandonner ?
— C’est ce que j’espère.
Wagner soupesa cette idée un moment, eut une mine
dubitative :
— Mais son déraillement peut le faire chavirer du mauvais
bord aussi… Il peut, par exemple, achever Lemaire plus vite,
dès cette nuit…
— Je sais.
Mercure avait dit cela d’une voix égale, mais il avait baissé
les yeux.
Cette fois, le silence fut plus long.
— Tu vas passer la nuit ici ? demanda Wagner.
Mercure ne répondit pas et le directeur hocha la tête :
— Moi aussi, je pense.
Le vent secoua un moment la vitre de la fenêtre.
— Qu’est-ce qu’elle t’a raconté, cette femme, cet après-midi ?
Wagner, plus tôt, avait décidé d’attendre que le sergentdétective
lui en parle le premier, mais le moment lui semblait
trop bien choisi pour ne pas tenter une approche. Mercure, les
mains toujours derrière la nuque, leva la tête vers le directeur.
Il eut un petit sourire qui, même dénué de joie, exprimait une
réelle complicité. Wagner lui renvoya le même sourire.
— Va te chercher un café et rapporte-m’en un, répondit
Mercure.
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