Les Sept Jours du ta..

Le ciel était encore plus couvert que la veille. Il pleuvrait
sûrement d’ici la fin de l’après-midi. Bruno marchait sur la rive
du lac en regardant distraitement deux canards qui glissaient
sur l’eau, au loin.
Pour la première fois, la veille au soir, il n’avait pas ressenti
de réelle satisfaction.
Il est vrai que l’opération était très délicate, très technique,
assez loin de toute forme de défoulement… N’empêche, il avait
utilisé le curare justement pour que le monstre ressente tout.
Par conséquent, Bruno aurait dû éprouver quand même une
certaine forme de satisfaction…
Du moins, c’est ce qu’il croyait…
Il secoua la tête en donnant un petit coup de pied à un
caillou. Mais le coup de pied était mou, mal porté. Toujours
cette maudite lourdeur… Le caillou fit un bond dérisoire, ne se
rendit même pas jusqu’au lac.
Un gémissement animal, venant des bois, se fit entendre.
Bruno tourna la tête vers la forêt, l’oreille tendue. On aurait dit
un chien, ou quelque chose du genre… Mais il ne vit aucun
animal et le son ne retentit plus.
Encore son imagination !
En une gorgée, il but la moitié de sa bouteille. Il sortit le
ruban bleu de sa poche et l’examina un moment.
Il était temps de frapper le grand coup, celui qu’il prévoyait
depuis le début, qu’il avait conçu la journée même où on lui
avait appris l’arrestation du monstre.
Il lui laisserait quelques heures pour récupérer de son
opération d’hier… puis ce soir…
*
Derrière le grand bureau, un homme barbu dans la
quarantaine se leva en souriant et tendit la main vers le visiteur
qui entrait. Derrière lui, une vaste fenêtre laissait voir les
gratte-ciel de Montréal.
— Bonjour, inspecteur Mercure ! De la grande visite de
Drummondville !
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