Les Sept Jours du ta..

quitta la maison sans bruit mais d’un pas décidé, le visage dur
et inébranlable.
À la banque, il retira en liquide cinq mille dollars. Puis, après
quarante-cinq minutes de route, il arriva à Trois-Rivières où il
s’acheta une perruque noire et une fausse barbe de la même
couleur. Il sortit de la ville et retourna sur la 55, vers le nord.
Après une ou deux bifurcations, il atteignit la 351, où il monta
encore vers le nord jusqu’à Saint-Mathieu-du-Parc, qu’il
traversa rapidement. En sortant du village, il examina
attentivement la route. Au bout de deux ou trois minutes, il
s’engagea sur le chemin des Pionniers qui longeait le lac Souris,
camouflé par la forêt. De temps en temps, un chemin de terre
s’ouvrait entre les arbres et menait à une habitation plus bas, la
plupart du temps un chalet. La voiture de Bruno s’engagea dans
deux de ces allées mais en ressortit rapidement : mauvais
endroit.
Lorsqu’il prit la troisième entrée, Bruno sut que c’était la
bonne. Le chemin de terre, cahoteux, étroit et entouré d’arbres,
descendait en pente assez raide pour aboutir, après cent
cinquante mètres environ, à une clairière au centre de laquelle
se trouvait une petite habitation tout en bois, au look très
suisse. À moins de cinquante mètres derrière la maison, le lac
Souris miroitait sous le soleil automnal.
Bruno sortit de la voiture et regarda autour de lui. Endroit
de rêve magnifique, surtout avec les mille couleurs de
l’automne, mais qui laissait le médecin indifférent à ce
moment-là. Il s’assura que la route, plus haut, était invisible du
chalet. Pas de voisins en vue : le plus près devait être à un demikilomètre.
Puis, il observa la maison.
À peu près deux ans plus tôt, durant l’été, un collègue de
Bruno, Josh Frears, lui avait demandé un service. Josh avait
oublié chez lui le dossier d’un patient qu’il devait voir cet aprèsmidi-là.
Il ne pouvait aller le chercher lui-même, car il avait une
opération à effectuer quinze minutes plus tard. Josh, âgé d’une
soixantaine d’années, était veuf, n’avait pas d’enfants ;
personne ne pouvait donc venir lui porter le dossier. Un peu
gêné, il avait demandé à Bruno s’il accepterait d’aller le lui
chercher. Non pas qu’ils fussent particulièrement camarades
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