Les Sept Jours du ta..

Morin mastiqua avec véhémence sa rôtie, en songeant aux
quatre-vingt-dix mille dollars qu’il avait perdus en moins de
deux semaines. Il sentait que sa journée serait longue et
morose…
Josée Jutras regardait aussi l’émission spéciale. Lorsqu’elle
vit son beau-frère apparaître à l’écran, elle mit sa main devant
sa bouche, horrifiée par son allure, et ses yeux s’emplirent de
larmes. Il fallait qu’elle prévienne Sylvie ! Elle se leva donc, alla
vers la chambre d’amis et entra.
Sylvie dormait à poings fermés, en tenant contre elle la
photo encadrée de Jasmine. En fait, songea sa sœur, c’était la
première nuit depuis son arrivée ici qu’elle passait sans pleurer,
et le premier matin qu’elle dormait si longtemps. Cela
réconforta tant Josée qu’elle n’eut pas le cœur à la réveiller. De
toute façon, elle saurait tout bien assez vite…
Elle referma donc la porte et Sylvie continua à dormir
paisiblement, le visage souriant de Jasmine contre sa poitrine.
*
Quand Bruno passa à côté de cet homme maigre et fatigué
qui le regardait avec insistance, il sut tout de suite que c’était
Mercure. Il le sut à son regard.
C’était donc lui. Lui qui l’avait harcelé, qui s’était acharné à
s’infiltrer dans sa tête et à l’ébranler. Lui qui, sans l’avoir vu en
personne une seule fois, ne l’avait tout de même pas quitté de la
semaine. Lui à qui Bruno en avait tant voulu.
Et, maintenant, il ne lui en voulait plus. La rancœur avait
disparu, comme le poids sur ses épaules. Et, surtout, comme
l’écho des coups dans sa tête.
Mais pas le filtre devant ses yeux. Il y demeurerait toujours,
Bruno le savait. C’est à travers ce filtre décolorant qu’il vit
Mercure lui sourire tristement en hochant la tête. Hamel hésita,
puis répondit finalement par le même mouvement, sans
sourire.
C’est à travers ce filtre qu’il vit, avant même qu’ils atteignent
la route, les journalistes se ruer sur lui. Ils tendaient leurs
micros, pointaient leurs caméras, posaient mille questions en
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