Les Sept Jours du ta..

— Ben, ce coup-là, si la police veut enfin faire la justice,
qu’elle laisse Bruno Hamel tranquille pis qu’elle le laisse aller
jusqu’au bout !
Lentement, Bruno recula et s’enfonça profondément dans le
divan, le visage presque serein. En s’en rendant à peine compte,
il sortit le ruban bleu de sa poche et, sans quitter la télé des
yeux, le caressa doucement entre ses doigts.
Le reporter demanda alors au mari s’il était d’accord avec sa
compagne. Beaucoup plus modéré, ce dernier semblait un peu
embêté par les excès de sa femme, mais il n’eut aucune
hésitation en disant :
— J’approuve parfaitement ce que fait Bruno Hamel.
— Non seulement on l’approuve, mais on aurait aimé être
avec lui ! ajouta la femme qui, cette fois, commença à pleurer.
Une grimace qui se voulait un sourire étira les lèvres du
médecin. Le journaliste en studio réapparut à l’écran :
— De plus, la police a maintenant délimité une zone où se
cacherait Hamel, avec son prisonnier.
Il nomma neuf petites municipalités. Le nom de Saint-
Mathieu-du-Parc fut prononcé, mais cela n’inquiétait pas
Bruno : la police ne fouillerait pas les maisons privées et
considérées comme habitées à l’année, telle celle-ci. Le
journaliste ajouta que si les habitants de ces régions avaient vu
ou cru voir cet homme (et la photo de Bruno apparut en
médaillon), ils devaient appeler le numéro apparaissant au bas
de l’écran. Quand la musique annonçant la fin du bulletin
spécial résonna, Bruno ferma la télé et poussa un profond
soupir d’aise.
C’était mieux qu’il ne l’avait espéré ! Il avait maintenant la
preuve que ce qu’il faisait avait un sens ! Il y avait bien les
parents de la troisième victime qui refusaient de parler aux
médias, mais peu importait : les deux autres couples
approuvaient Bruno. Ils l’encourageaient même à continuer !
Mais aussitôt, la même petite voix intérieure que la veille se
fit entendre.
C’est pour ça que tu as appelé Monette, hier ? Parce que tu
as besoin soudainement de légitimité ?
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