13.07.2013 Views

Les Sept Jours du ta..

Les Sept Jours du ta..

Les Sept Jours du ta..

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

À quelques pas de lui, Bruno s’arrê<strong>ta</strong>. Son expression é<strong>ta</strong>it<br />

bizarre, inhabituelle, un curieux mélange de haine et de<br />

découragement. Le monstre, la tête contre le sol, ouvrit<br />

péniblement la paupière gauche. Lorsqu’il vit le revolver, il n’y<br />

eut ni peur ni désespoir dans son expression, mais, au<br />

contraire, une sorte de soulagement résigné. Il tourna le regard<br />

et fixa quelque chose d’invisible, peut-être le néant qui<br />

l’envahissait gra<strong>du</strong>ellement.<br />

Bruno respirait un peu plus vite. Le revolver tremblait<br />

imperceptiblement dans sa main droite. Il entrouvrit la bouche<br />

et d’une voix rocailleuse articula :<br />

— Tu as tué ma fille…<br />

Le monstre trouva la force de sursauter. Il regarda de<br />

nouveau Bruno et, malgré l’épuisement et la souffrance, un<br />

cer<strong>ta</strong>in ahurissement déforma son visage lacéré, tuméfié. La<br />

respiration de Bruno devint irrégulière, des hoquets sortirent<br />

douloureusement de sa bouche <strong>ta</strong>ndis que sa voix chevro<strong>ta</strong>nte<br />

reprenait avec plus de force :<br />

— Tu as violé et tué ma petite Jasmine…<br />

Alors, tout se cassa en lui, se brisa, comme s’il appuyait de<br />

toutes ses forces contre une vitre depuis trop longtemps et<br />

qu’elle finissait par éclater en morceaux, entraînant dans sa<br />

pulvérisation la chute de celui qui poussait. Une chute terrible,<br />

effrayante, mais en même <strong>ta</strong>nt si apaisante, si libératrice, car<br />

l’effort surhumain cessait enfin, et le corps, dans sa chute, se<br />

détendait dans un grand cri…<br />

— TU AS TUÉ MA FILLE !<br />

Et il écla<strong>ta</strong> en sanglots. Ses pleurs é<strong>ta</strong>ient si intenses qu’il<br />

<strong>du</strong>t s’appuyer des deux mains sur ses cuisses, le visage tourné<br />

vers le plancher. Le monstre le regardait toujours, la bouche<br />

entrouverte, la respiration sifflante. Le médecin sentit qu’avec<br />

les larmes quelque chose d’autre le quit<strong>ta</strong>it. C’é<strong>ta</strong>it le poids sur<br />

ses épaules, cette pesanteur terrible qui ne l’avait plus lâché<br />

depuis l’arrivée des ténèbres et qui tout à coup diminuait,<br />

fondait, s’évaporait par chaque pore de sa peau, à travers<br />

chaque respiration, chaque sanglot.<br />

287

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!