Les Sept Jours du ta..

Mercure l’empoigna par le col de sa chemise, ce qui aurait
étonné ses collègues au plus haut point.
— Vous n’avez rien compris ! grommela-t-il, les dents
serrées. Rien de rien !
— Vous croyez vraiment ? rétorqua Monette avec
provocation, sans même tenter de se dégager.
Mercure le considéra un moment, puis le lâcha enfin. Il
marcha rapidement vers la porte et, avant de sortir, se retourna
pour lancer en pointant un doigt :
— On a une injonction, maintenant, vous allez la recevoir
d’ici la fin de l’après-midi. Dites un autre mot sur la vie de
Lemaire à la télé et je vous colle un procès sur le dos.
Sans attendre la réaction du directeur des nouvelles, il partit.
*
Sylvie se trouvait au centre d’un nuage noir qui ne se
dissipait pas. Au cours des derniers jours, elle en était bien
sortie une fois ou deux… En fait, non : on l’avait fait sortir du
nuage, on l’en avait extirpée momentanément. Pour parler,
régler des détails, répondre à des questions… Mais ces sorties
étaient courtes et le nuage finissait toujours par se reformer
autour d’elle.
Elle savait qu’elle ne pourrait vivre normalement le deuil de
Jasmine tant que le nuage ne disparaîtrait pas… Mais comment
l’éviter alors qu’un deuxième cataclysme venait de lui exploser
au visage ? Comment affronter deux tempêtes en même temps ?
La voix de sa sœur arriva jusqu’à sa conscience :
— Sylvie… Sylvie, viens ici…
On ne la laisserait donc jamais en paix ?… Mais Josée
insistait, disait qu’elle devait venir voir ça. Sylvie fit un effort
surhumain pour sortir du nuage. Elle se leva de son fauteuil et
marcha vers la cuisine. Josée était devant la fenêtre, l’air sidéré.
À pas lents et traînants, Sylvie s’approcha et regarda à son tour
à l’extérieur.
Dans la rue, une vingtaine de personnes étaient rassemblées
et défilaient en scandant des mots inaudibles. Ils brandissaient
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