Les Sept Jours du ta..

vides qui roulaient sur le plancher. L’ivresse qui couvait en lui
fut rapidement éveillée par ces quelques bières. Dans cette
tempête mentale, une seule constante : les paroles de Diane
Masson, qui refusaient de lui sortir de la tête. Pourtant, les
autres parents, eux, comprenaient ce qu’il faisait ! Pourquoi pas
elle ? Mais il n’avait qu’à l’oublier et à s’en crisser, c’était pas
compliqué ! Sauf qu’il n’y arrivait pas. Tout à coup, il aurait
voulu lui parler et lui montrer qu’il avait raison. Oui, l’avoir
devant elle maintenant et la convaincre ! La convaincre parce
que… parce que…
Imbécile, imbécile, imbécile !
Et il frappa de nouveau sur le mur, se remit à tourner en
rond.
Il s’immobilisa subitement, frappé par une idée. Il alla dans
sa chambre. Mit sa fausse barbe et sa perruque. Revint au
salon. Enfila son manteau. Ses gestes étaient rapides mais
étrangement saccadés, à cause de l’alcool… et peut-être d’autre
chose aussi, une sorte d’état mental qui rendait toute sa
physionomie déréglée, inquiétante…
Il entra dans la chambre du monstre et prit une de ses
trousses. Il se tourna vers la table et s’immobilisa enfin un
moment. Le monstre dormait, la respiration sifflante. Bruno
sentit la haine monter en lui comme une éruption volcanique. Il
devait lui faire mal tout de suite, il ne l’avait pas torturé de la
journée… Quelque chose, n’importe quoi, il y avait tant de
possibilités…
Crever son autre œil, trancher ses testicules, entrer des
lames sous ses ongles, enfoncer un couteau dans son anus,
couper sa langue, arracher la peau de son ventre, perforer ses
tympans, couper, arracher, fendre, défoncer, trancher, trouer,
crever…
Un fulgurant étourdissement le fit chanceler. Il se prit la tête
à deux mains puis, de dépit, cracha vers le monstre. Il sortit
ensuite de la pièce, trousse en main, et se retrouva rapidement
à l’extérieur du chalet.
L’averse était de retour, et cette fois le vent s’était mis de la
partie. Une fois sur le chemin des Pionniers, Bruno fila à bonne
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