Les Sept Jours du ta..

Durant tout le temps que dura l’enquête préliminaire, le
sergent-détective Hervé Mercure ne quitta pas Lemaire des
yeux.
Le procès aurait lieu dans quatre mois. Lemaire plaidait
coupable, mais Mercure doutait que cela lui soit utile. Il en
prendrait pour au moins vingt ans. Tout cela aurait dû satisfaire
le sergent-détective, mais ce n’était pas le cas. Ce n’était
d’ailleurs pas la première fois qu’une arrestation ne le
satisfaisait pas pleinement…
Il observait le visage de Lemaire, qui écoutait son avocat en
silence, l’expression craintive mais arrogante malgré tout.
Comme il l’avait aussi beaucoup observé lors de son arrestation
et durant son interrogatoire. Même qu’à un moment, alors que
le sergent Bolduc confrontait Lemaire à ses réponses confuses,
ce dernier s’était tourné vers Mercure et lui avait lancé
froidement :
— Qu’est-ce que t’as, toi, à me regarder comme ça ?
Mercure n’avait rien dit. Lemaire avait ricané, puis avait
ajouté :
— Tu te poses trop de questions pour rien, man !
Anthony Lemaire, vingt-huit ans, était né à Joliette dans une
famille pauvre composée de quatre enfants, d’un père violent et
d’une mère alcoolique. Véritable cancre à l’école, il avait
interrompu ses études à seize ans et s’était mis à enfiler les
petits jobs l’un après l’autre. Il avait essayé plusieurs fois
d’avoir des petites amies, mais, selon sa mère, autant Lemaire
était arrogant et dur dans le quotidien, autant il était maladroit
et incertain avec les filles, au point que celles-ci se lassaient
toujours et le quittaient. Il avait fini par se retirer dans sa bulle
et sortir de moins en moins. Quand il avait eu vingt-deux ans,
sa mère était déménagée à Saint-Hyacinthe pour s’éloigner de
son mari violent et Anthony l’avait suivie. Il s’était trouvé un
emploi de pompiste, s’était brouillé avec sa mère et avait connu
une nouvelle suite d’insuccès avec la gent féminine. Deux ans
auparavant, on l’avait accusé du viol et du meurtre d’une
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