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HENRI VERNES

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travailleurs-robots, mais ces derniers ne semblaient guère<br />

prendre garde à eux. Pour ces êtres à demi déments, ils étaient<br />

deux pilotes comme tous les autres…<br />

Morane et son captif rejoignirent Bory sans rencontrer la<br />

moindre difficulté. À présent, Claude semblait avoir compris où<br />

voulait en venir son compagnon, car, aussitôt, il obligea le<br />

prisonnier à se dépouiller de ses vêtements de vol et, aidé par<br />

Bob, le ligota et le bâillonna à son tour… Ils venaient de<br />

terminer cette besogne quand, soudain, une sorte de plainte<br />

stridente, venant du côté des hangars aux bombardiers<br />

atomiques, déchira le silence de la nuit.<br />

— Le A-Plane, dit Bob. Ils ont mis les turbines en marche.<br />

Sans doute ne va-t-il plus tarder à décoller à présent. Vite,<br />

endosse ces vêtements, Claude, sinon nous allons manquer le<br />

coche…<br />

Secondé par Morane, Bory passa la combinaison et se coiffa<br />

du casque de vol.<br />

— Mettons directement nos masques respiratoires, dit Bob.<br />

De cette façon, nous ne risquerons pas d’être reconnus…<br />

Là-bas, la plainte du A-Plane s’était changée en un<br />

hurlement et, un peu partout, des chasseurs prenaient la piste.<br />

Déjà, pilotes et passagers grimpaient à bord des Tunderjet, et<br />

les tuyères commençaient à cracher leurs jets de gaz brûlant.<br />

Deux Sabres passèrent à vitesse réduite au ras des hangars.<br />

Morane et Bory atteignirent le premier Tunderjet, qui<br />

attendait toujours ses passagers et, aidés par les travailleursrobots,<br />

se hissèrent à bord. Le cockpit était à peine refermé<br />

qu’une sorte de monstrueuse vibration secoua l’air et, tel un<br />

gigantesque rapace argenté, le A-Plane prit l’air. Il passa devant<br />

la lune qu’il dissimula un instant derrière son large empennage<br />

triangulaire. L’un après l’autre, les Tunderjets s’élançaient à<br />

vitesse réduite sur la piste bétonnée et décollaient.<br />

Là-bas, à la limite du champ, le A-Plane vira, prit la direction<br />

du nord et, pointant son nez effilé vers les étoiles, commença à<br />

monter doucement.<br />

— On y va ! hurla Morane dans le laryngophone. S’agira de<br />

se tenir ferme, mon vieux. Ça va chauffer avant longtemps…<br />

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