HENRI VERNES
HENRI VERNES
HENRI VERNES
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
alles. On eût dit qu’ils avaient la certitude que, tôt ou tard,<br />
l’homme qu’ils poursuivaient s’abattrait, terrassé à la fois par la<br />
chaleur, la soif ou la fatigue et qu’alors ils n’auraient aucune<br />
peine à s’en rendre maître.<br />
Chaque pas, pour Bob, devenait plus douloureux, et le<br />
désespoir montait en lui au fur et à mesure de l’avance. Parfois,<br />
afin de reprendre un peu de force, il devait s’arrêter pour boire.<br />
Ensuite, il repartait, les yeux fixés vers la ligne des dunes.<br />
Celles-ci, il s’en rendait finalement compte, se rapprochaient<br />
peu à peu. Aurait-il la force de les atteindre ? Et, quand il les<br />
aurait atteintes, réussirait-il à repousser les assauts de ses<br />
adversaires ?…<br />
Une fureur aveugle l’empoigna tout à coup. Il se tourna vers<br />
le groupe des soldats et se mit à hurler :<br />
— Mais venez donc !… Venez donc !… Qu’est-ce que vous<br />
attendez ?… Seriez-vous trop lâches pour vous attaquer à un<br />
homme seul ?…<br />
Là-bas, ses poursuivants s’étaient arrêtés, sans faire mine<br />
d’épauler leurs armes. Alors, Bob tira son colt et,<br />
frénétiquement, le déchargea dans leur direction. Ses balles se<br />
perdirent, et il comprit alors l’inanité de cet accès de colère qui,<br />
il le réalisait soudain, était proche du désespoir. Il glissa un<br />
nouveau chargeur dans son automatique et se remit en marche.<br />
Ses pieds s’enfonçaient toujours plus péniblement dans le<br />
sable, et chacun de ses pas martelait les secondes. Pourtant, il<br />
n’en doutait plus maintenant, les dunes se rapprochaient, car<br />
leurs dos arrondis se découpaient plus haut sur l’étendue<br />
éblouissante du ciel.<br />
Morane continua à avancer, tous les sens tendus vers la ligne<br />
des monticules sauveurs. Les fatigues de la nuit se faisaient<br />
maintenant de plus en plus lourdement sentir, et il voyait le<br />
moment où il devrait s’arrêter, à bout de forces, et se livrer sans<br />
défense à ses ennemis.<br />
Les dunes furent bientôt toutes proches. Alors brusquement,<br />
toute résistance brisée, Bob s’immobilisa. Le soleil tapait sur<br />
son crâne tel un gigantesque marteau chauffé au rouge, et<br />
l’éblouissement brouillait ses regards.<br />
61