HENRI VERNES
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— C’était là un plan bien prétentieux, dit-il. Et, le plus<br />
étonnant, c’est qu’il a non seulement été mené à bien, mais que<br />
tout a fonctionné parfaitement jusqu’à ces derniers temps…<br />
Depuis deux mois environ, plus aucune nouvelle ne nous est<br />
parvenue de l’Oasis K. C’est comme si, soudain, la terre s’était<br />
entrouverte pour l’engloutir. Nous avons envoyé des messages,<br />
mais ils sont restés sans réponses. Des émissaires ont été dirigés<br />
à travers le Sahara de toutes les façons possibles, en avion, en<br />
voiture ou à dos de chameau. Aucun d’eux n’est revenu. C’est le<br />
silence et le mystère total. Voilà où nous en sommes,<br />
Commandant Morane. La base secrète et idéale créée par les<br />
États-Unis et la France en plein Sahara, cette sorte de<br />
compendium de toutes les techniques humaines semble s’être<br />
volatilisée. L’Oasis K ne répond plus…<br />
Le major Clark – un géant aux cheveux gris et au visage<br />
buriné de vieux conquérant –, qui jusqu’ici n’avait guère pris<br />
part à la conversation, parla à son tour en un français laborieux,<br />
mêlé de nombreux mots anglais.<br />
— Oui, dit-il, nos deux nations ont tout fait pour entrer à<br />
nouveau en contact avec l’Oasis K, mais nos efforts ont été<br />
vains. Une colonne blindée a été comme avalée par le désert.<br />
Des escadrilles de nos avions les plus modernes, parties en<br />
direction de l’Oasis K, ont disparu sans laisser de traces. Nous<br />
sommes persuadés pourtant que la base continue ses activités<br />
comme par le passé. Cependant, son contrôle semble nous avoir<br />
échappé. C’est comme si une puissance qui nous est étrangère et<br />
assurément hostile s’était emparée des commandes de l’oasis<br />
pour faire servir cette dernière à nous ne savons quels obscurs<br />
desseins…<br />
Pendant un long moment, les trois hommes demeurèrent<br />
silencieux, comme écrasés par les suppositions de Clark.<br />
Morane se demandait s’il rêvait. Quelques jours plus tôt, il<br />
débarquait à Alger en simple touriste et, maintenant, il se<br />
trouvait plongé en plein roman fantastique. Pourtant, dans le<br />
récit de ses deux interlocuteurs, un élément lui échappait. Il<br />
releva la tête et demanda :<br />
— Mais cette colonne blindée, ces escadrilles d’avions, où<br />
sont-elles passées ? Que diable, de telles forces n’ont pas pu<br />
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