HENRI VERNES
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Chapitre XVI<br />
Sans doute en raison de ce fatalisme propre à sa race, Saïd<br />
Moussa n’avait pas changé l’emplacement de son village. Il avait<br />
fait construire de nouvelles tentes au creux des dunes, et une<br />
page de l’histoire de la tribu avait été tournée.<br />
Quand Bob posa son appareil parmi les sables, tous les<br />
Touaregs se trouvaient réunis à l’entrée du village et, les yeux<br />
levés vers le ciel, contemplaient avec un effarement<br />
superstitieux, le grand champignon de fumée colorée<br />
élargissant sa sinistre silhouette sur l’écran bleu de la nuit. Ces<br />
gens simples ne semblaient guère se douter du danger que<br />
représentait pour eux le voisinage de cette nuée empoisonnée<br />
qui, lentement, étendait son ombre mortelle au-dessus du<br />
désert.<br />
Saïd Moussa, suivi de quelques hommes armés de fusils,<br />
s’était avancé vers le Tunderjet qui reposait, penché sur une<br />
aile, tel un grand oiseau frappé à mort. Morane ouvrit le cockpit<br />
et sauta légèrement à terre, imité aussitôt par Bory.<br />
Le chef des Touaregs avait reconnu Bob. Il s’inclina devant<br />
lui et le salua à la manière arabe.<br />
— Je suis heureux de voir que tu as pu échapper aux mauvais<br />
hommes de cette Oasis du diable, dit-il. Toi et ton ami, soyez les<br />
bienvenus au village de Saïd Moussa…<br />
Morane répondit au salut du Targui.<br />
— Je ne suis pas revenu dans ton village pour y demeurer,<br />
Saïd, fit-il, mais pour t’emmener vite avec moi, et tous tes<br />
hommes en même temps, vers le nord. Il faut fuir sans tarder…<br />
Saïd Moussa parut étonné par les paroles de Morane, et<br />
intéressé aussi, car il s’accroupit sur les talons, comme pour un<br />
long palabre. Il leva vers Bob son beau visage bronzé sur lequel<br />
la lumière de la lune mettait des reflets d’argent.<br />
— Pourquoi Saïd Moussa et ses hommes partiraient-ils ?<br />
interrogea-t-il. Il y a de l’eau dans la montagne, et les gazelles<br />
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