HENRI VERNES
HENRI VERNES
HENRI VERNES
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
symbole équivalent au dernier verre de rhum et à la dernière<br />
cigarette du condamné ?…<br />
Morane en était là de ses pensées quand la porte s’ouvrit. Un<br />
homme se dressa sur le seuil de la pièce. Il portait l’uniforme<br />
des soldats de l’Oasis, avec un grand K de tissu rouge cousu sur<br />
sa manche droite et une mitraillette passée en bandoulière.<br />
L’homme posa sur Morane ses yeux aux regards fixes, sans<br />
paraître le voir cependant. En poussant un grognement de bête,<br />
il l’invita du geste à le suivre au-dehors.<br />
« Tous ces êtres ont l’air d’avoir perdu la parole, pensa Bob.<br />
Des individus idiots et muets, voilà à qui je suis livré… »<br />
Il se leva et sortit dans le couloir. Déjà, le soldat marchait<br />
devant lui. Tous deux suivirent un dédale de corridors pour<br />
parvenir finalement devant une porte à deux battants qui,<br />
commandée sans doute par une cellule photoélectrique, s’ouvrit<br />
automatiquement à leur approche.<br />
Au centre d’une vaste pièce sobrement garnie de meubles<br />
aux lignes pures, un homme vêtu d’une blouse blanche se tenait<br />
assis derrière un large bureau ripoliné. À l’entrée de Bob, il se<br />
leva et dit d’une voix sourde, un peu grinçante :<br />
— Approchez donc, Commandant Morane. Asseyez-vous ici,<br />
devant moi. Vous êtes le bienvenu à l’Oasis K…<br />
*<br />
* *<br />
Bob Morane considérait à présent avec intérêt l’homme assis<br />
en face de lui, de l’autre côté du bureau. Il était petit et trapu et<br />
son visage aux traits anguleux et à la bouche dure respirait à la<br />
fois la cruauté et l’intelligence. Son front dénudé, haut et carré,<br />
semblait prolongé par un crâne postiche en carton-pâte. Un<br />
crâne mégalocéphale, conférant à son possesseur un aspect<br />
presque monstrueux. Derrière des lunettes aux verres cerclés<br />
d’or, de petits yeux gris, très pâles, presque blancs,<br />
considéraient Morane avec une sorte d’intérêt amusé. Sous ces<br />
regards, Bob se sentit un peu comme une souris face au chat qui<br />
va la dévorer et, tout de suite, il sut qu’une redoutable puissance<br />
habitait cet homme. Soudain, il comprit : il avait voulu<br />
74