HENRI VERNES
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nord de l’Oasis, au-delà du massif montagneux et est<br />
commandée par le chef Saïd Moussa ». C’était tout, mais<br />
Morane n’en demandait pas davantage. Pour atteindre la tribu,<br />
il devait marcher vers le nord et, puisque cela l’éloignait de<br />
l’Oasis K, il ne pouvait que s’en réjouir.<br />
Avec peine, il réussit à s’extirper de son refuge. Pendant un<br />
moment, il pensa récupérer son sac. Pourtant, il abandonna vite<br />
ce projet. En effet, en voulant chercher le sac, il risquait de<br />
tomber sur les soldats de la base et, sans doute, n’aurait-il plus<br />
alors la chance de leur échapper. La panique s’était emparée de<br />
Morane depuis que, tout à l’heure, la voix inconnue avait dit à<br />
l’adresse des soldats de l’Oasis K : « Si vous découvrez l’homme<br />
que nous cherchons, il doit être abattu aussitôt. De toute façon,<br />
il ne faut pas qu’il s’échappe, sous aucun prétexte… » Son sort<br />
se jouait en ce moment, et l’instinct de la conservation guidait<br />
tous ses actes…<br />
Obnubilé par cette peur sourde qui l’avait empoigné depuis<br />
sa rencontre avec les étranges soldats mécanisés, Morane se mit<br />
à marcher le long de la falaise, en direction du nord. Il voulait<br />
atteindre le désert au plus vite. Là, il s’orienterait et tenterait de<br />
repérer le village touareg.<br />
Lentement, une grande lueur rose envahissait maintenant le<br />
ciel, et les ténèbres de la nuit se dissipaient de plus en plus.<br />
Parfois, Morane s’arrêtait et prêtait l’oreille, s’attendant à<br />
chaque instant à entendre les appels rauques des soldats lancés<br />
à ses trousses. Mais le silence s’appesantissait toujours plus<br />
lourdement sur ces montagnes désolées où de hauts rocs en<br />
forme de menhirs, taillés par le vent chargé de sable du désert,<br />
montaient la garde tels de gigantesques chevaliers pétrifiés.<br />
Quand Morane atteignit la limite des sables, le jour était<br />
complètement venu. Devant lui, le désert s’étendait à l’infini,<br />
telle une mer de soufre aux molles ondulations. Dans le ciel, le<br />
soleil brillait, pareil à un monstrueux œil de flammes.<br />
À nouveau, Bob sentit la peur le gagner. Cette fois, ce n’était<br />
plus celle des hommes, mais de la nature elle-même, de cette<br />
nature saharienne, dévorante et cruelle, où la vie ne parvient<br />
pas à s’imposer. Pour affronter cette nature, Morane ne<br />
possédait qu’une gourde d’eau suspendue à sa ceinture, un peu<br />
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